Dakar — La pose de la première pierre du mémorial de Gorée est un symbole qui renvoie à un exercice mémoriel devant contribuer à une réconciliation des peuples, afin que « l'horreur » de la Traite négrière « ne se répète plus jamais », a déclaré, samedi, à Dakar, le chef de l'Etat, Macky Sall.
« En posant ici, face aux berges de l'Atlantique, ce samedi 6 janvier 2024, la première pierre du mémorial de Gorée [...], j'accompli au nom du peuple sénégalais, de l'Afrique et des diasporas, un acte d'exercice mémoriel et de réconciliation des peuples », a-t-il dit, en lançant les travaux de ce monument appelé selon lui à devenir « un lieu d'histoire ouvert au monde pour témoigner du passé ».
Les travaux du mémorial de Gorée, dont le site se trouve sur la corniche ouest dakaroise, devraient durer vingt mois avant son inauguration prévue en septembre 2025.
L'édifice, attendu pour être « un carrefour d'échanges et de rencontres », sera dressé sur 3,5 hectares et sera fait d'un tour d'acier de 108 mètres de hauteur, selon Macky Sall.
Il « sera un lieu de rappel de notre histoire pour que l'horreur du passé ne se répète plus jamais », a indiqué le président de la République, selon qui avec ce monument, « on dira enfin : plus jamais ça ! ».
« Comme un miroir, il sera le reflet et le témoin de la mémoire collective de la nation, de l'Afrique et de ses diasporas, un foyer ardent de notre culture », a-t-il ajouté, en présence du ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, et d'autres personnalités.
Macky Sall a évoqué « les horreurs de l'esclavage », soulignant qu' »à quelques encablures » du site du mémorial, sur l'île de Gorée, au large de Dakar, « l'innommable s'est produit, des hommes, des femmes et des enfants de tous âges ont été rassemblés, enchainés, torturés, transportés par millions et réduits sans pitié à l'esclavage, génération après génération ».
Le mémorial de Gorée « racontera l'histoire héroïque d'hommes et de femmes qui, par milliers, ont résisté au prix de leur vie, préférant la mort à l'asservissement », a par ailleurs indiqué le président de la République.
Le commissaire général du mémorial de Gorée, le poète Amadou Lamine Sall, a évoqué « un grand moment d'histoire » en parlant de cette cérémonie de lancement.
« Ce n'est ni une pose de première pierre, ni le lancement, mais une inauguration, l'histoire commence et s'achève 30 ans après sa gestation », a dit l'écrivain et poète dont les propos étaient empreints d'une forte émotion. Il a remercié le chef de l'Etat pour avoir « protégé, sécurisé ce chantier de la politique ».
Amadou Lamine Sall, qui porte depuis plus de trente ans ce projet, a qualifié ce mémorial de « phare qui va illuminer Dakar pendant des siècles et des siècles, et fera désormais partie [...] de l'histoire ».
Colette Césaire, la fille de l'écrivain martiniquais Aimé Césaire, a assisté également à cette cérémonie, au nom de la diaspora, et des afro-descendants, ainsi que plusieurs artistes et hommes de lettres sénégalais.
Les travaux seront réalisés par la Compagnie sahélienne d'entreprise (CSE) et Suma, avec comme maitresse d'oeuvre l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux de l'Etat (APIX).