Niger: Rendez - vous manqué avec les négociateurs de la CEDEAO

La troïka de négociateurs désignés par l'organisation sous-régionale ouest-africaine pour poursuivre le dialogue avec les autorités nigériennes avaient rendez-vous à Niamey le 10 janvier prochain.

3 jours avant ce 2e round des négociations confiées aux chefs d'Etat du Bénin, de la Sierra Leone et du Togo, le gouvernement nigérien a annoncé un report de 15 jours afin de pouvoir recevoir éventuellement la délégation de la CEDEAO. Les autorités nigériennes expliquent ce rendez-vous manqué par la tenue prochaine d'assises nationales inclusives qui sont appelées à se prononcer justement sur la conduite et la durée de la transition, entre autres.

Ce rendez-vous manqué ou différé, c'est selon, vient doucher les espoirs nés du premier round des négociations que conduit la troïka Bénin- Sierra Leone-Togo, suivant les conclusions du sommet extraordinaire de la CEDEAO, tenu le 10 décembre dernier. En effet, à l'issue d'une première visite à Niamey, le 14 décembre, le ministre togolais des Affaires étrangères, s'était montré optimiste devant la presse. « Nous avons travaillé et nous avons convenu d'un timing de la transition », avait-il déclaré.

C'est vrai que les missi dominici de la CEDEAO n'avaient pas donné de détails sur ce sur quoi ils étaient tombés d'accord avec les autorités nigériennes, excepté qu'ils rendraient compte au président du Nigeria, président en exercice de l'organisation régionale, avant la poursuite du dialogue au début de ce mois de janvier. Ce sera plutôt maintenant à la fin du mois courant. Encore faudra-t-il que le dialogue national inclusif des forces vives nigériennes se tienne dans ce laps de temps !

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Ce jamboree national, qui réunira des élus, des autorités religieuses et coutumières, des organisations de jeunesse, des syndicalistes, des acteurs d'ONG et d'anciens combattants de la rébellion touareg, devrait discuter de la durée de la transition, des principes fondamentaux de la refondation des institutions de l'Etat du Niger, de questions comme l'exploitation de l'uranium par les compagnies étrangères, la présence d'une base militaire américaine dans le pays, l'immigration clandestine , etc., et s'accorder là-dessus.

En conditionnant sa tenue à la poursuite des négociations avec la CEDEAO, Niamey se prépare un argument en béton qu'il présentera comme la volonté populaire, avec laquelle on ne devrait pas transiger, notamment sur l'agenda de la transition. Du reste, on se rappelle qu'à l'occasion de la célébration du 63e anniversaire de l'indépendance du pays, le président Tiani avait littéralement apostrophé l'organisation régionale dans son adresse à la nation : « En décidant de nous imposer des sanctions injustifiées, cyniques, iniques, criminelles, inhumaines et irresponsables, la CEDEAO et l'UEMOA pensaient nous mettre à genoux et nous ramener dans le giron du régime déchu et de la France ...

Ces organisations régionales ne savaient pas qu'elles avaient en face d'elles un peuple guerrier ... Nous n'acceptons aucun chantage, aucune intimidation et aucun préalable, l'heure des tractations et des combines dans les officines est révolue ».

Le chef de l'Etat nigérien avait fait cette sortie offensive 3 jours après que la Cour de justice de la CEDEAO avait rejeté la requête de plusieurs organisations de la société civile et des structures étatiques nigériennes demandant la levée des sanctions contre leur pays. Un rejet accompagné d'un appel à la libération immédiate du président déchu, Mohamed Bazoum.

Pourtant la CEDEAO, lors de son sommet extraordinaire du 10 décembre, avait pris acte du changement de régime au Niger, privilégiant désormais la négociation au recours à la force contre le nouveau pouvoir. Par ailleurs, dans l'application des sanctions contre le Niger, le Bénin voisin y va du dos de la cuillère en ce qui concerne particulièrement le transit de marchandises nigériennes au port de Cotonou.

L'abandon de l'utilisation de la force suivie d'un délitement de l'application rigoureuse des sanctions contre le Niger sont autant de symptômes d'une CEDEAO qui bat en retraite face à un pouvoir qui reprend du poil de la bête. Avec ce rendez-vous manqué, il se donne les moyens de s'offrir des largeurs sur l'agenda de sortie de la transition, certainement soutenu par les conclusions des assises nationales des forces vives à venir.

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