Ile Maurice: Un cuisinier libéré sous caution

Un témoignage vague de l'enquêteur, une contradiction entre la valeur de la drogue déclarée par l'ancien investigateur comme étant de Rs 1 200 000 et la valeur déclarée par le nouvel enquêteur comme étant de Rs 44 886 000 et un manque de preuves par rapport au risque de récidive, de manipulation des preuves et d'ingérence avec les témoins et autres suspects. Ce sont les facteurs qui ont contribué à la remise en liberté d'un cuisinier. John-Mick Martingale, qui est représenté par Me Sanjeev Teeluckdharry, a été ordonné de payer deux cautions de Rs 300 000 chacune, soit un montant total de Rs 600 000, et de signer une reconnaissance de dette le 5 janvier devant la Bail and Remand Court.

Dans la présente accusation provisoire de trafic de drogue, il est affirmé que la substance sécurisée est constituée de cocaïne sous forme liquide contenue dans deux bouteilles étiquetées Henricks Gin 1,75 ml Château Fontereche Cuvée Pierre Mignard 2018 et que la valeur est d'environ Rs 1 200 000. Sauf que lors du contre-interrogatoire en cour, l'inspecteur Somi a concédé que l'inspecteur Davedeen était l'ancien enquêteur et lorsque la défense lui a évoqué une énorme contradiction entre la valeur de la drogue déclarée par l'inspecteur Davedeen, comme étant de Rs 1 200 000, et la valeur déclarée par lui, comme étant de Rs 44 886 000, il répond qu'il ne peut expliquer comment l'ancien enquêteur avait fait le calcul, et soutient qu'il a donné la valeur en tant qu'agent de terrain. Il ressort de son témoignage que les deux calculs sont basés sur le rapport délivré par le Forensic Science Laboratory.

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L'inspecteur Somi a toutefois soutenu que le demandeur pouvait récidiver compte tenu du mode opératoire. Pour étayer son affirmation, il explique que deux Ukrainiennes ont verbalement impliqué le demandeur comme étant la personne qui leur avait donné, à Bruxelles, d'apporter deux bouteilles contenant un liquide identifié comme étant des cannabinoïdes synthétiques, à Maurice afin qu'il puisse en récupérer et John-Mick Martingale a été intercepté par la police à l'aéroport lorsqu'il a été identifié par les deux étrangères en octobre 2022.

Or, l'enquêteur a reconnu qu'il n'y avait aucune preuve montrant les empreintes digitales du demandeur sur ces bouteilles, et a été incapable de donner l'identité du protagoniste qui pourrait aider le suspect à s'enfuir. Il a également été vague dans sa réponse quant à une question sur le fait si le suspect disposait d'un permis de séjour pour vivre en Belgique. «Selon le dossier, il ressort qu'il vit dans des bungalows lorsqu'il vient à Maurice, qu'il voyage beaucoup depuis 2013, qu'il a vécu dans plusieurs pays, que son épouse est Finlandaise, qu'il est cuisinier professionnel, son enfant et sa femme vivent en Belgique, et selon les informations reçues d'Interpole, il réside officiellement en Belgique depuis 2020», fait valoir l'enquêteur en cour.

Sauf que la mère du suspect a pour sa part indiqué en cour que ce dernier qui vit en permanence à Maurice, résiderait chez elle, à Curepipe. «Ma belle-fille et mon petit-fils vivent ici et mon fils travaille comme cuisinier en Belgique à temps partiel», dit-elle en cour.

Après avoir écouté les témoignages, la magistrate Zeenat Cassamally note que l'enquêteur actuel a donné la mesure en grammes, soit 2 292,4 grammes en poids net, et non en millimètres. Il n'a pas précisé si le poids inclut les flacons ou s'il correspond uniquement au liquide qui s'y trouve, et il n'a donné aucune indication sur la pureté. «Le poids et la valeur de la drogue ne sont pas entièrement dénués d'ambiguïté.» D'ajouter que même si le cuisinier détient un casier judiciaire vierge, cela ne signifie pas automatiquement que cette personne ne peut pas avoir été impliquée dans des activités illégales auparavant.

Pour elle, quoique le bureau du Directeur des poursuites publiques ait exhorté les autorités à accélérer l'enquête, aucune indication n'a été donnée quant à la date du dépôt d'un éventuel procès contre le requérant. «Dans les circonstances actuelles, la cour estime que les risques identifiés ne sont pas d'une ampleur telle qu'on ne puisse imposer des conditions pour les rendre négligeables eu égard au poids qu'aurait dans la balance la présomption d'innocence», a conclu la magistrate qui a ordonné la libération sous caution de John-Mick Martingale.

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