Le Programme des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est alarmé dans un rapport qu'il vient de publier montrant l'augmentation de 33% des cas de violences basées sur le genre, au cours de ces trois dernières années. Ce rapport est apprécié par les ONG et les juristes qui dénoncent un manque d'actions en justice.
Ce dimanche après-midi, Mycoeur Bakissi, du Réseau africain des adolescents et jeunes en population et développement, est sorti de son église du sixième arrondissement de Brazzaville avec une copie du rapport de l'Unicef qu'il a parcourue avant la séance de prière. Il ne manque pas de commentaires. « Ce rapport vient combler le vide qui existait en termes de statistiques, des données sur les violences basées sur le genre et les enfants surtout », relève-t-il.
Ce rapport, condensé des enquêtes menées dans les hôpitaux, les commissariats de police ou encore dans les centres d'accueil, montre que pour la seule année 2021, plus de 3 300 cas de violences sexuelles ont été enregistrés, soit une augmentation de 33% par rapport à la période précédente. « Ce qui m'a beaucoup frappé dans cette étude, ce sont les cas d'inceste. Il y a eu beaucoup de cas d'inceste. Il y a eu des parents qui ont violé leurs filles et les ont mises enceintes », a dénoncé Cynthia Acka-Douabelé, cheffe de l'éducation et protection de l'Unicef.
Roméo Mbengou, juriste, déplore quant à lui le fait que les affaires de violences basées sur le genre sont souvent réglées à l'amiable. « On prétexte souvent que les procédures judiciaires prennent trop de temps. Or, en faisant comme ça [le règlement à l'amiable, NDLR], on ne prend pas en compte la fille qui est victime du viol », pointe-t-il.
Le Congo s'est pourtant doté en 2022 de la Loi Mouebara qui condamne les violences faites aux femmes à des peines allant de un à deux ans de prison. Mais son application reste marginale, déplorent les associations.