Ile Maurice: Reaz Oozeer ou l'art de préparer le jalebi

Dans la soirée, la rue Desforges est plutôt morose car la plupart des commerces sont fermés.

Mais très vite, cette partie de la capitale se transforme en magie, dès l'arrivée d'un tuk-tuk, un food truck à trois roues. Sur place, près de Pâtisserie du Nord, les clients attendent déjà, à travers la dégustation des «gato moutay» tout chaud, fraîchement préparés et servis sur place. Alors que ses fils et proches accueillent les clients, entre la préparation des jalebis et le bon déroulement de la soirée, Reaz Oozeer, l'homme derrière le projet «Just one more Jalebi», nous offre un aperçu de son métier et de sa vie.

Unir les gens autour de l'amour et de la joie à travers un plat. Reaz Oozeer en fait son métier tous les jours depuis le début de décembre. Son tuk-tuk, un food truck à trois roues, le dernier ajout à son activité «Just one more Jalebi», a déjà conquis une vaste clientèle fidèle, à la rue Desforges, dans la capitale, ainsi que des louanges sur les réseaux sociaux. «Ce tuk-tuk, je l'ai acheté en Chine en mars 2023. Cela m'a coûté Rs 350 000 pour l'amener ici, et le design de l'étiquette a été fait par un ami», explique le gérant.

Marié et père de trois enfants, dont une fille et deux garçons, cet habitant de Plaine-des-Papayes, âgé de 53 ans, s'est lancé dans la pâtisserie en 2004. Si la famille Oozeer est réputée pour son savoirfaire dans le domaine de la pâtisserie, notamment via Pâtisserie du Nord, qui se trouve dans plusieurs endroits du pays, «c'est le travail de mon frère, qui dirige sa pâtisserie à Plaine-des-Papayes, qui m'a inspiré. Je suis parti de rien et j'ai appris à progresser, devenant chef pâtissier et maîtrisant la décoration des gâteaux, entre autres».

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L'idée et le désir de se perfectionner dans la préparation des jalebis sont survenus en 2015, lorsqu'à la pâtisserie, un chef indien est venu travailler, qui faisait des mithai, soit des sucreries indiennes et en particulier, des jalebis, commençant une nouvelle tendance pour eux : faire et vendre des gato moutay sur commande pour des événements tels que des mariages et des anniversaires, pour lesquels les commandes doivent être retirées à leur domicile à Plaine-des-Papayes.

Au fil des ans, le travail progresse. «En 2019, nous avons reçu une commande d'un client à Floréal qui voulait que nous fassions un live cooking et que nous servions les jalebis bien chauds aux gens lors d'un mariage. Lorsque nous y sommes parvenus, je me suis dit que si nous pouvions le faire avec succès lors de mariages, pourquoi ne pas le proposer au grand public et lui offrir une expérience mémorable - des jalebis fraîchement préparés, chauds et croquants, le tout dans le confort. Parallèlement, je suis tombé sur des vidéos sur l'internet concernant les food trucks et la manière dont la gastronomie dans les rues peut offrir du plaisir aux gens, en particulier dans des pays comme l'Inde et la Chine. C'est ainsi que j'ai eu l'idée du food truck», raconte Reaz Oozeer.

Afin de concrétiser cette idée, Reaz Oozeer décide de se rendre en Chine en mars de l'année dernière pour acheter un tuk-tuk personnalisé. Il l'a acheté Rs 350 000. «Lorsque j'ai fait part de l'idée du food truck à mes frères, ils étaient très heureux et m'ont proposé d'utiliser un petit camion à quatre roues. Mais je voulais, au plus profond de moi, apporter l'ambiance indienne authentique en mangeant des jalebis, qui font partie intégrante de la culture indienne ; une sucrerie pour toutes les occasions, ou simplement une sucrerie à déguster tous les jours dans la rue. D'autant plus qu'à l'île Maurice également, cette sucrerie revêt une importance particulière et accompagne les mariages, les prières religieuses, les fêtes, les anniversaires, entre autres.»

Ainsi vient de voir le jour le plus récent ajout à son concept «Just one more Jalebi» : le food truck, que, depuis le 1er décembre 2023, il gère avec sa famille, notamment ses fils, son gendre, son neveu, qui restent sur place pour l'aider. Le quotidien de Reaz Oozeer consiste actuellement à vendre des jalebis à la rue Desforges pendant la nuit. «Ensuite, vers une heure du matin, à la maison, je prépare la pâte pour le lendemain avec mes fils, car nous devons la laisser au repos pendant au moins 15 heures avant de la cuisiner.»

Expérience participative aux clients

Y a-t-il des ingrédients magiques et secrets ? «Quatre ingrédients simples, à savoir la farine, l'huile, le lait caillé et le colorant alimentaire mélangé à l'eau. Il n'y a pas d'ingrédients magiques, mais la magie réside dans les mains qui les préparent, dans la façon dont nous les préparons et dans le savoir-faire technique en matière de forme, de temps de cuisson, de sirop utilisé, entre autres», explique-t-il avec humour.

La préparation se fait dans un petit emplacement qu'il loue, juste à côté du food truck, et qui est à la disposition du public pour qu'il puisse y avoir accès et voir comment tout se passe. Nous constatons que le lieu est propre et bien organisé. Les gato moutay sont ensuite servis à partir du tuk-tuk. Chaque jalebi est gros, croquant, chaud et juteux, au prix de Rs 12. Cette idée a été saluée par plusieurs personnes qui ont réalisé des vidéos et les ont partagées sur Facebook, et ont permis de créer une clientèle fidèle, confie Reaz Oozeer.

«J'ai vu une vidéo sur Facebook et j'ai demandé à mon époux de m'emmener ici la semaine dernière. J'ai adoré la façon dont c'est préparé et le goût, j'ai insisté pour qu'il me ramène ici aujourd'hui», raconte une dame. Les étrangers ne manquent pas non plus à la foule. «Nous logeons à proximité et nous avons vu le food truck le soir. Nous sommes venus pour acheter des jalebis. Nous les adorons. Le goût et le style sont exactement les mêmes qu'en Inde. C'est pourquoi nous revenons souvent maintenant», indiquent deux travailleurs indiens.

Dans le futur, Reaz Oozeer affirme vouloir étendre ce projet, vu l'accueil favorable qu'il reçoit. «L'idée est d'offrir une expérience participative aux clients grâce aux jalebis. De plus, nous ne préparons pas les gâteaux à l'avance et ne les gardons pas dans les plateaux, mais nous les préparons au fur et à mesure que les clients arrivent, ce qui nous permet de ne pas faire de compromis sur la qualité. Je suis heureux que les gens l'apprécient. J'envisage d'acheter d'autres food trucks que nous pourrons utiliser lors de mariages, d'anniversaires et d'autres événements, où les gens pourront déguster les sucreries.»

Le food truck «Just one more Jalebi» sert de 18 heures à minuit, chaque jour hormis les lundis. Toute autre commande peut être effectuée par WhatsApp ou par téléphone.

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