Dans l'histoire vibrante du football camerounais, une figure singulière demeure dans l'ombre, méconnue malgré son influence incontestable. Samuel Kouam, magnat des affaires et bienfaiteur mésestimé, a pourtant été un pilier essentiel du développement du football au Cameroun. En dépit de ses contributions indéniables, son nom est désormais souvent oublié dans les récits glorifiant l'essor du sport national.
Kouam Samuel a laissé une empreinte indélébile en tant que cofondateur et leader émérite de l'Union Sportive de Douala. Pendant plus d'une décennie, il a dirigé ce club, contribuant ainsi à son ascension et à sa renommée.
Dans les années 20 jusqu'au milieu des années 50, les clubs phares de football à Douala incarnaient des quartiers, voire des entités culturelles. Oryx (Canton Bell), Caïman (Canton Akwa), et Léopard (Canton Deido) étaient les piliers dominants du championnat national. Le tout premier championnat officiel du Cameroun, lancé en 1951 avec huit clubs, fut remporté par Caïman de Douala, marquant ainsi le début d'une ère compétitive.
L'Oryx de Douala est issu de la fusion de deux équipes, Lumière de Bonapriso et Requin de Bali. Tandis que Caïman de Douala, initialement nommé Lune de Douala, a vu son appellation changer après une défaite en finale face à son rival, le Léopard de Douala.
L'émergence de l'Union Sportive de Douala, vers 1955 dans le quartier cosmopolite de New-Bell, résulte de la fusion de plusieurs équipes allogènes. Cette initiative visait à transcender les clivages tribaux et à unir les communautés de ce quartier regorgeant de ressortissants de diverses régions du pays.
L'Union Sportive est devenue un modèle d'intégration nationale, attirant des joueurs de tous horizons. Sous la direction éclairée de Samuel Kouam, homme d'affaires prospère à la tête de la Serrurerie du Cameroun (Serrucam), le club a bénéficié de son soutien financier et de son expertise en matière de gestion. Sa passion pour le football s'est reflétée dans ses choix avisés qui ont souvent porté leurs fruits.
Un moment emblématique reste gravé dans l'histoire de l'Union : la finale du Cameroun en 1969. Malgré les tensions et les désaccords internes, la décision unilatérale de Samuel Kouam de titulariser Norbert Owona s'est avérée fructueuse. Cette action a conduit l'équipe à remporter son unique doublé championnat-coupe du Cameroun, marquant ainsi un jalon majeur dans l'histoire du club.
La reconnaissance de Samuel Kouam s'étend au-delà des terrains de football. Sélectionné par le président Ahmadou Ahidjo pour contribuer à l'organisation de la première Coupe d'Afrique des Nations au Cameroun en 1972, son engagement et son amour pour le football ont été remarquables. Cependant, cette période de gloire a été éclipsée par la déception nationale lorsque le Cameroun, pourtant favori, a été éliminé en demi-finale.
La fin de l'empire de Kouam Samuel a été marquée par des démêlés judiciaires. Impliqué dans des affaires entourant des malversations financières liées à l'organisation de la CAN, il a été incarcéré. Ces événements ont scellé son destin dans l'oubli. Il s'éteignit en 1985, laissant derrière lui un héritage trop souvent négligé, celui d'un homme d'affaires visionnaire et d'un mécène passionné du football camerounais.
L'histoire de Samuel Kouam, bien que parsemée d'ombres, demeure un rappel essentiel de l'impact silencieux mais crucial des visionnaires dans le monde du sport, leurs contributions souvent éclipsées par le passage du temps. Son legs mérite d'être redécouvert et honoré, car il a été un pilier souvent oublié du football camerounais.