Une semaine après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle en RDC par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Cour constitutionnelle a procédé hier lundi 8 janvier 2024 à l'examen des recours en annulation.
Un bien grand mot, serait-on tenté de dire, quand on sait que ces recours anecdotiques, ont été introduits l'un par un citoyen lambda et l'autre, certes par un candidat malheureux, mais dont la participation au scrutin tient plus de la figuration que de toute autre chose. Il s'agit, en ce qui concerne celui-ci, de Théodore Ngoy Ilunga wa Nsenga arrivé bon dernier avec 0,02% du suffrage sur les 24 prétendants.
Les deux requérants exigent tous l'annulation pure et simple du vote du 20 décembre 2023 au regard des nombreuses irrégularités qu'ils ont relevées.
Pour cette dénonciation, ils rejoignent ainsi une bonne partie de l'opinion publique et surtout les poids lourds de l'opposition qui rejettent la victoire du président sortant, Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur avec 73,34% des voix. Toutefois, les prestigieux recalés de la présidentielle n'ont pas daigné recourir à la justice pour se faire entendre pour la simple raison qu'elle serait inféodée au pouvoir en place.
Ainsi donc, Moïse Katumbi (18,08%), Martin Fayulu (5,33 %), Adolphe Muzito, ancien Premier ministre (1,12%), Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix (0,22 %, ainsi que six autres candidats préfèrent s'en remettre à l'arbitrage du peuple qu'ils appellent à prendre la rue pour l'annulation du vote.
Une option qui rappelle à bien des égards des scénarii courants sous nos cieux tant foisonnent les accusations supposées ou réelles de justice aux ordres.
Mais il faut reconnaître ici que sans le vouloir, la CENI a apporté de l'eau au moulin de tous ceux qui remettent en cause la sincérité et la transparence du processus électoral, objet depuis de longs mois de suspicions de tous genres.
En effet, n'a-t-elle pas procédé à l'annulation pour fraude et corruption de la totalité des suffrages obtenus par 82 candidats aux législatives et communales tenues dans la foulée de cette présidentielle ? En raison de machines électorales découvertes dans des domiciles privés. D'où ces nombreuses voix qui s'élèvent pour réclamer des enquêtes sur les tenants et les aboutissants de cette affaire qui est de nature à jeter le discrédit sur la CENI et les résultats provisoires qu'elle a annoncés.
Mais en attendant, on ne peut que se demander de quoi accoucheront les deux recours en annulation enregistrés par la Cour constitutionnelle. Car on imagine mal les grands juges remettre tout à plat et appeler les Congolais à prendre de nouveau le chemin des bureaux de vote.
Certes, il y a déjà un précédent en Afrique. Mais reconnaissons que la RDC n'est pas le Kenya où la Cour suprême a créé l'événement en décidant d'invalider le résultat de l'élection présidentielle du 8 août 2017, qui avait donné le président sortant Uhuru Kenyatta vainqueur.
Cela est d'autant difficile à envisager particulièrement au regard du coût financier qu'exigerait une éventuelle reprise du scrutin dans un pays comme la RDC, potentiellement riche mais très dépendant de l'aide publique étrangère.
Alors, on a bien peur que ce ne soit là que des recours pour rien à moins que ce ne soit une tribune pour étaler à la face du monde tout le bordel dans lequel cette présidentielle a eu lieu.