Stéphane Soh, un ancien prisonnier politique du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a récemment recouvré la liberté après un cauchemar de trois ans derrière les barreaux. Son histoire est une triste illustration des conséquences dévastatrices de la haine et de l'intolérance dans la société.
Une journée apparemment ordinaire a basculé dans l'horreur pour Stéphane Soh le 30 septembre. Alors qu'il était au travail au port de Douala, son supérieur, Cyrille Ayinda, l'a invité à monter dans sa voiture. Stéphane, respectueux de sa hiérarchie, a obéi sans se douter du piège qui se refermait sur lui.
En chemin, Ayinda l'a accusé d'avoir pris part à une marche le 22 septembre, jour où Stéphane était en congé. Accusation sans fondement, motivée uniquement par son affiliation au MRC, parti d'opposition. Ayinda l'a remis à un policier en civil, dénonçant son appartenance politique. Stéphane, pris au dépourvu, a été embarqué dans un véhicule sans pouvoir alerter sa famille.
Il a été conduit au poste de police des frontières, où son calvaire a débuté. Le lendemain, accompagné de son avocat, Me Tamfu Richard, il a été maltraité, insulté, et battu par des agents de police, subissant des sévices physiques et des humiliations racistes, qualifié de "sale bamiléké", une ethnie du Cameroun.
Son téléphone a été confisqué, empêchant tout contact avec sa famille. Pendant 65 jours, il a été détenu, torturé, et soumis à des interrogatoires nocturnes et exténuants. Épuisé et sous pression, il a été contraint de signer un document tronqué, espérant ainsi sa libération. Une libération promise qui n'a jamais eu lieu.
Le 18 décembre, alors qu'il pensait récupérer ses affaires, il a été piégé et jeté à nouveau en cellule. Après 11 jours supplémentaires de détention, il a été traduit devant le tribunal militaire. C'est le 29 décembre 2020 qu'il a finalement été incarcéré à la Prison Centrale de New-Bell, une peine qui s'est prolongée jusqu'au 29 décembre 2023.
Cette histoire poignante expose les abus de pouvoir, la discrimination ethnique et la répression politique subis par Stéphane Soh. Une injustice flagrante alimentée par la haine et la division, privant un homme de sa liberté et de sa dignité pendant trois longues années.
Le récit de Stéphane Soh est une triste réalité qui souligne la nécessité urgente d'un changement, appelant à la fin de la répression politique et de la discrimination au Cameroun. La justice doit prévaloir pour tous, sans distinction politique ni ethnique, pour construire un avenir où la haine n'a plus sa place.