Depuis quelques jours, Ouidah grouille de monde. Cet ancien port négrier n'a jamais connu pareil engouement. Qu'ils soient fidèles, sympathisants de la religion vodoun, Afro-descendants en quête de racine, personne ne veut se laisser conter l'événement qui selon le président de la république est "l'héritage de l'Afrique".
"Si l'Europe est de culture judéo-chretienne, l'Orient de culture islamique, l'Afrique est de quelle culture? Nos parents étaient des païens et ont créé des danses, les dessins, les masques et c'est cela qui a constitué notre patrimoine culturel et qui inspire nos artistes. L'Afrique est de culture Vodoun", a déclaré Patrice Talon. "Et nous allons révéler au monde ce patrimoine si riche, si intense, si beau que le monde aura du plaisir à le découvrir".
Pari tenu pourrait-on dire puisque la ville de Ouidah accueille les Vodun Days qui démarrent mardi et ce pendant deux jours. Pour le ministre de la culture," cette première édition porte en elle de grands espoirs pour la sauvegarde du patrimoine culturel et cultuel Vodoun", a déclaré Jean Michel Abimbola, ministre de la culture.
"Il s'agit d'une initiative qui transcende le simple cadre de la célébration pour devenir un évènement que nous voulons planétaire, symbole de notre héritage culturel. Il s'agit de célébrer la culture les arts et la spiritualité Vodun dans un élan de redécouverte et de réappropriation de notre patrimoine", a-t-il ajouté.
Le ministre a également explique que le gouvernement a décidé de révéler le Bénin à travers sa culture authentique, celle du Vodun, afin d'assumer aux yeux du monde "sa réputation de terre du Vodun mais surtout refaire son image d'humanisme, de tolérance et de respect de la nature".
Il ajoute que "le gouvernement souhaite labeliser le Vodun à travers cette célébration". Les "Vodun Days" gardent l'authenticité culturelle à travers l'écriture béninoise du terme "Vodun" au lieu du terme franchisé Vaudou mais surtout, ils s'ouvrent au monde avec le terme "Days" qui permet à tous les autres pays et continents de comprendre qu'il s'agit des journées dédiées à la culture et à la spiritualité Vodun.
"C'est assumé pleinement, c'est pensé et cela me semble intelligible. La réflexion a été de voir comment allier le désir d'ouvrir nos portes au monde et celui de marquer l'authenticité de notre statut de berceau de ce patrimoine. C'est dans ce cadre que nous avons retenu l'authenticité par l'écriture "Vodun" et l'ouverture au monde avec le terme 'days' où nous nous ouvrons à d'autres cultures, à l'universel", a-t-il précisé.
"Les Vodun Days entendent surtout redorer le blason de cette religion criblée de tous les maux", selon le professeur d'université Kakpo Mahougnon, président du comité des rites dont la mission est de travailler à éviter la désacralisation de ce patrimoine.
"Le Bénin est considéré comme étant le berceau du Vodoun. Et en tant que tel, le Vodoun qui est mal compris parce que mal présenté par les colonisateurs à l'époque, il peut permettre que lorsqu'on tisse autour de lui, d'obtenir des ressources supplémentaires par l'intermédiaire d'une filière touristique", explique Kakpo Mahougnon.
Les festivités permettront aux Béninois ainsi qu'aux touristes et Afro-descendants de revivre le trajet fait par les esclaves avant leur déportation. Pour sa première édition, plusieurs concerts géants sont prévus avec des artistes de pointe comme le Congolais Koffi Olomide et de nombreux nationaux dont Sagbohan Danialou qui tire son inspiration du Vodoun. Pour lui, " le Vodoun n'a rien de méchant. C'est une énergie neutre que certains par méchanceté manipulent à leur guise".
Il poursuit : "pour ce que je connais du Vodun, je sais qu'il renferme de nombreuses mélodies, de percussions. C'est une musique très forte, inspirante, cultuelle. Pour moi, le Vodun ne tue mais c'est l'homme qui l'utilise à des fins peu recommandables. Le Vodun est une énergie neutre que l'homme manipule à sa guise".
Même si la célébration prend un nouveau format, les dignitaires religieux ont une place de choix parce qu'ils restent et demeurent les gardiens qui veillent à la sauvegarde de la sacralité de ce culte qu'ont en partage de nombreux pays d'Afrique, des Caraïbes et d'Amérique. Les festivités se dérouleront au sein de la Cité historique et sur la plage, à proximité de la Porte du non-retour.