À Madagascar, le VIH gagne du terrain, même si la maladie ne fait pas encore de ravages chez la population en comparaison à d'autres pays du continent. Le taux de personnes infectées est encore faible : moins de 0.5 % de la population. Mais le nombre de Malgaches séropositifs a triplé sur l'île au cours de la dernière décennie et le taux de mortalité a été multiplié par 5, durant cette même période.
L'Onusida estime à presque 70 000 le nombre de personnes contaminées par le VIH-Sida à Madagascar. Un chiffre en constante augmentation, explique le docteur Haja Randriantsara, secrétaire exécutif du Comité national contre les IST-Sida.
« Sur l'année 2023, on a constaté une augmentation de nouveaux cas de VIH surtout chez les jeunes, et également les populations clés, telles que les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports avec des hommes, les utilisateurs de drogues injectables, et aussi les femmes enceintes. C'est vraiment alarmant puisque c'est une bombe à retardement pour notre pays. Le problème qu'on a, c'est qu'une grande partie de la population pense que le Sida n'existe pas à Madagascar. Ça, c'est dû au fait qu'en 2016, on a arrêté la sensibilisation et la prévention au niveau des médias grand public. »
Crainte d'un taux de 9 % à 24 % de la population infectée en 2033
D'après un modèle développé par deux épidémiologistes et publié dans une revue scientifique en décembre 2023, le pic de l'épidémie pourrait être atteint en 2033, avec un taux de population infectée variant entre 9 % et 24 %, si aucune action significative n'est prise.
Les pouvoirs publics ont d'ores et déjà rédigé le nouveau plan stratégique de riposte pour les cinq ans à venir. L'objectif est de sensibiliser à nouveau la population générale au travers des médias grand public et réactiver la prévention dans des secteurs aussi divers que le tourisme, l'éducation ou les forces armées.
Cependant, le docteur Hery Zo Andriamahenina, coordinateur médical à Médecins du monde où de nombreuses activités sont réalisées auprès des travailleurs du sexe, prévient : « La lutte contre le VIH Sida, passe clairement par le dépistage. Or à Madagascar aujourd'hui, on manque cruellement de tests de diagnostic rapide. Les médicaments, c'est-à-dire les antirétroviraux pour soigner les malades, sont disponibles et accessibles gratuitement, et ça, c'est bien, mais sans ces tests de dépistage, c'est évident que la maladie risque de se propager de manière incontrôlable. »
Un manque qui devrait être pallié grâce au nouveau plan stratégique national de lutte, à condition que les fonds nécessaires soient réunis pour le mettre en oeuvre.