Ile Maurice: Trajectoires africaines

Dans les rangs du MSM, l'on ne veut plus porter le blâme de la facture de Rs 5,7 milliards de Betamax, ni celle de Rs 1,9 milliard de Neotown. «Ces décisions ont été prises durant la première législature alors que Pravind Jugnauth n'avait pas encore pris les rênes du gouvernement.»

Pour montrer la différence entre la législature 2014-2019 et celle de 2019-2024, l'on cite volontiers les noms de ceux qui étaient en fonction à l'époque de SAJ, notamment Vishnu Lutchmeenaraidoo, Ravi Yerrigadoo, Roshi Bhadain, Showkutally Soodhun, voire Xavier-Luc Duval, pour démontrer que ces décisions coûteuses pour le contribuable ne sont pas l'apanage du MSM d'aujourd'hui, et ce, alors que les prochaines élections se profilent et que le Sun Trust entend faire table rase du passé, en virant les ministres à scandales, et en présentant une nouvelle équipe autour de Pravind Jugnauth. C'est ainsi qu'il est de plus probable, selon nos sources, que Maneesh Gobin, Yogida Sawmynaden, Vikram Hurdoyal, Deepak Balgobin et Kenny Dhunoo soient privés de ticket afin de faire de la place pour de nouvelles têtes, moins controversées, et plus lisses. En revanche, Ivan Collendavelloo pourrait être repêché pour affronter Paul Bérenger au n°19.

Ces élus de la majorité, même s'ils redoutent l'usure du pouvoir ou l'accumulation des scandales, se sentent frustrés par l'arrivée, dans le giron du pouvoir, des nouveaux, aux appétits neufs. Réalistes, ils songent, toutefois, aux «difficultés» qui se poseront quand il faudra renoncer aux fonds, souvent perdus, du parti au pouvoir, afin de tenter de nager seul contre le courant.

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Dans le reste de l'Afrique, les discours de fin d'année des dirigeants ont, comme à Maurice, fait la part belle aux questions économiques, relatives à l'inflation galopante dans la région, qui ronge le pouvoir d'achat des foyers, et menace la quiétude des citoyens.

Les leaders africains se sont aussi appesantis sur des questions liées à l'autosuffisance alimentaire, la lutte contre la corruption et les détournements des fonds publics.

Autre préoccupation majeure sur le continent : la question sécuritaire. Le président rwandais, Paul Kagamé, a rétorqué à son voisin congolais, qui vient d'être réélu : «Lorsque nous entendons ceux qui prétendent planifier une attaque et détruire la sécurité du Rwanda, la question est : 'Y a-t-il quelque chose que nous n'avons pas vu ?'», s'est exclamé Kagamé, alors que son homologue congolais, Félix Tshisekedi, a promis de reprendre le contrôle sur son vaste pays et sur une partie des grands lacs. «Dites à Kagamé qu'on ne va plus se laisser faire !»

Après 12 ans à la tête du Sénégal, Macky Sall a, lui, refusé de briguer, à nouveau, les élections cette année. «Je resterai ensuite disponible et de bonne volonté, car j'ai le Sénégal chevillé au corps ; et j'ai le Sénégal au coeur...» Il compte lancer une Fondation dédiée à la paix, au dialogue et au développement. Une organisation qui se penchera, selon lui, sur un plaidoyer permanent pour «la coexistence pacifique des peuples, le dialogue des cultures et des civilisations, le développement durable et inclusif, la justice climatique, le financement de la santé, en particulier la santé maternelle et infantile, le soutien à la jeunesse, le développement des infrastructures en Afrique et la réforme de la gouvernance mondiale».

Quant au putschiste du Gabon, le militaire Oligui Nguéma, il a prononcé son tout premier discours de fin d'année après le coup d'État du 30 août 2023. «Ma responsabilité en tant que président de la République est de veiller au bien-être des populations gabonaises», lance-t-il, avant d'embrayer sur des promesses.

Sur le plan politique, le général Oligui promet de restaurer les institutions, en commençant par un dialogue national «qui sera convoqué dans les prochains mois», et la Constitution, qui sera élaborée par l'assemblée constituante et adoptée par voie référendaire.

«Nous allons continuer à briser les chaînes de l'esclavage, à briser les chaînes du néocolonialisme qui nous empêchent de connaître le bonheur», lance, pour sa part, le capitaine Traoré, qui est au pouvoir au Burkina Faso.

Enfin, en Afrique du Sud, les élections générales, qui se tiendront entre mai et août 2024, s'annoncent particulièrement difficiles pour le Congrès national africain, le parti de Nelson Mandela qui est au plus bas dans les sondages... L'histoire change de trajectoire pour l'ancien mouvement de libération.

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