Le sélectionneur Jalel Kadri doit dissiper les derniers doutes et trancher pour une ossature de jeu stable et équilibrée, tournée vers l'offensive et l'audace.
Les «Aigles de Carthage» ont commencé leur dernière phase de préparation pour la CAN 2023 par un nul blanc et une prestation collective en deçà de toutes les attentes contre la Mauritanie. Espérons que ce n'était que la vérité d'un match à oublier et d'un jour sans qui ne va pas se répéter. Et que l'équipe de Tunisie sera capable de montrer son vrai visage, plus reluisant, plus séduisant et suffisamment rassurant contre les Requins bleus du Cap-Vert, ce soir, pour garder un taux de confiance élevé dans son potentiel physique, technique, tactique et psychologique pour être conforme à son statut et à son classement de 28e mondial.
Une meilleure performance contre le Cap-Vert (73e avec 4 points dans les deux premiers matches de son groupe pour la phase éliminatoire de la Coupe du monde 2026), résultat et manière, est indispensable pour Montasser Talbi et ses partenaires afin d'éviter la déconnexion avec leur grand public fortement déçu samedi dernier et de lui rendre son enthousiasme et son excitation. Conscient de cet enjeu, le sélectionneur national a sans doute revu sa copie, tiré les enseignements nécessaires pour corriger pas mal de lacunes apparues dans ses choix et dans son coaching face à une Mauritanie qui s'est bien défendue et qui lui a posé des problèmes auxquels il n'a pas trouvé des solutions.
Presser haut
Les Capverdiens de Pedro Brita, alias «Bubista», ne seront pas plus faciles à manier que les hommes de Amir Abdou. Ils dresseront une vraie toile d'araignée devant leur cage et seront plus redoutables et plus efficaces dans les contres. Pour faire sauter leur verrou, il va falloir trouver assez vite la meilleure approche offensive pour les mettre en difficulté, créer des failles dans leur bloc bas et bien les exploiter. C'est-à-dire ne pas hésiter ni avoir peur de les prendre à la gorge d'entrée et de les presser haut. Ce sera un bel exercice utile qui aidera le staff technique à déchiffrer un système de jeu qui n'est pas très différent de notre premier adversaire dans cette phase finale, la Namibie. Si Jalel Kadri a choisi le huis-clos et ordonné que le match d'aujourd'hui ne soit pas retransmis à la télé, c'est pour effectuer un dernier test de son équipe type et un ultime peaufinage de son plan de jeu à l'abri des regards indiscrets
Le changement qui s'impose
Jalel Kadri est condamné après l'échec de son 4-3-3 avec trois milieux peu créatifs contre la Mauritanie à revenir à un 4-2-3-1 contre le Cap-Vert plus équilibré. C'est-à-dire sacrifier un demi parmi les trois alignés au départ devant les Mourabitoune (Aissa Laidouni, Elyes Skhiri et Mohamed Ali Ben Romdhane) et titulariser un milieu offensif de percussion et de projection vers l'avant supplémentaire sur le côté droit (Hamza Rafia ou Bessam Srarfi), avec Anis Ben Slimane comme joker en temps opportun. Et placer Youssef Msakni derrière l'attaquant de pointe, Haithem Jouini, plus véloce et plus puissant dans les duels que Taha Yassine Khénissi ou Saifeddine Jaziri, pour plus de profondeur tout en décalant Elyès Achouri sur le flanc gauche pour mieux étirer la défense adverse et pouvoir jouer dans les petits espaces. Avec Ali Mâaloul, à la place de Ali Abdi, qui constituera avec Wajdi Kechrida une bonne paire de latéraux offensifs sur les deux flancs, l'équipe de Tunisie retrouvera cette variété et cet équilibre pour mieux attaquer sur les deux côtés et dans les intervalles et créer ainsi plus d'occasions, trouver rapidement l'ouverture du score pour emballer le match et finir par sceller son sort. Car ce n'est pas en mettant quatre ou cinq attaquants pêle-mêle dans les dernières vingt minutes qu'on peut forger un succès. Les grands objectifs, tels qu'un titre africain, une finale ou une place dans le carré d'as, on ne les convoite pas sans savoir tiré les leçons du match contre la Mauritanie. Le message doit être reçu cinq sur cinq par Jalel Kadri.