Tunisie: En clair | Les prévisions des institutions financières internationales - Malgré les défis persistants, l'économie tunisienne montre une certaine résilience

10 Janvier 2024

La Berd table sur une croissance économique de 2,5% en Tunisie en 2024 grâce à la vigueur du secteur touristique et aux ventes de phosphates. Elle indique dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales que le taux de croissance en Tunisie se limite à 1,9% en 2023, en baisse par rapport à 2022 (2,4%). Cette baisse est expliquée par des conditions extérieures défavorables, une inflation élevée et les troubles sociaux qui pèsent sur les perspectives économiques, et ce, malgré une expansion du tourisme, des services financiers et du secteur industriel.

La Berd rappelle que le chômage a légèrement baissé en Tunisie, l'inflation a atteint 9,1% en glissement annuel en juillet 2023, la situation macro-budgétaire s'est détériorée en 2022, sous l'effet de l'augmentation des dépenses publiques (notamment la masse salariale et les subventions), conduisant à un déficit budgétaire de 7,6% du PIB, tandis que la dette publique atteignait 80% du PIB.

Reprise modérée

Pour la Banque Mondiale, la reprise économique de la Tunisie a ralenti au premier semestre de 2023, le pays restant aux prises avec une sécheresse persistante, des défis de financement externe, l'accroissement de la dette domestique d'importantes entreprises publiques, et des obstacles réglementaires, selon l'édition automne 2023 du Rapport de suivi de la situation économique de la Tunisie.

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Bien que des développements positifs aient été enregistrés, tels que l'amélioration des termes des échanges commerciaux et une reprise du secteur touristique, la croissance du PIB tunisien pour l'année 2023 est prévue à environ 1,2%. Il s'agit d'une reprise modérée en comparaison avec les pays voisins de la région et la moitié du taux de croissance de l'année 2022. Le rapport précise qu'une prévision de croissance de 3% en 2024 reste sujette à des risques liés à l'évolution de la sécheresse, des conditions de financement et du rythme des réformes. Les recettes touristiques ont connu une augmentation de 47% jusqu'à fin août 2023, ce qui, combiné aux services de transport, a contribué à hauteur de 0,8% à la croissance globale du PIB,.

«Malgré les défis persistants, l'économie tunisienne montre une certaine résilience. L'augmentation des exportations du secteur textile, des industries mécaniques et de l'huile d'olive, associée à la croissance des exportations touristiques, a contribué à atténuer le déficit extérieur, a déclaré Alexandre Arrobbio, le représentant résident de la Banque mondiale pour la Tunisie. Le renforcement de la concurrence, l'amélioration de l'espace budgétaire et l'adaptation aux changements climatiques sont des mesures essentielles visant à restaurer la croissance économique et à renforcer la résilience face aux futurs chocs économiques et climatiques», a-t-il ajouté.

La Tunisie continue de rencontrer des difficultés pour sécuriser les financements externes requis, sur fond de calendrier important de remboursement de sa dette extérieure à court terme. Ceci reflète la dette publique élevée, passée de 66,9 à 79,4% du PIB entre 2017 et 2022. Alors que les conditions de financement extérieur restent serrées, les importations ont continué d'être comprimées.

C'est particulièrement le cas pour les entreprises publiques fortement endettées, qui détiennent le monopole de l'importation et de la distribution de certains produits. Le système de contrôle des prix qui régit les principaux marchés de produits de base est un facteur clé de l'endettement croissant des entreprises d'Etat ainsi que des pénuries qui en découlent. Par ailleurs, l'inflation a ralenti, avec une inflation des prix sur un an passant de 10,4% en février 2023 à 9% en septembre 2023.

L'économie tunisienne pâtit de l'impact des chocs exogènes

Les conséquences de la guerre en Ukraine ont ébranlé la timide reprise post-crise sanitaire. Après -8,7% en 2020, +3,1% en 2021 et +2,5%, la croissance n'est plus prévue que de 1,3% (FMI) à 1,6% (loi de finances) pour 2023, contre 2,9% pour l'ensemble de la région Mena selon le FMI. La hausse des prix des hydrocarbures et des denrées alimentaires en 2022 a aggravé les tensions financières déjà élevées du pays. Leur évolution, en dépit d'une relative accalmie actuelle, reste une menace pour les approvisionnements du pays. La croissance pâtit désormais de la résurgence de l'inflation qui érode le pouvoir d'achat des ménages, de la hausse des taux d'intérêt, des conséquences des tensions sur les comptes publics (éviction du financement du secteur privé, limitation des dépenses publiques, pressions fiscales), mais également des faibles perspectives de croissance européenne, principal débouché de la Tunisie, en dépit du redressement du tourisme constaté depuis l'an dernier. Enfin, les perspectives 2024 sont toujours menacées par les conséquences dans le secteur agricole d'une sécheresse aiguë : rationnement de l'eau, effondrement déjà prévu de la récolte céréalière.

Le Fonds monétaire international (FMI) estime que la croissance devrait atteindre 1,9% en 2024. Il prévoit aussi un taux d'inflation en Tunisie de l'ordre de 9,8%. Rappelons que le taux d'inflation en Tunisie a baissé en septembre 2023 à 9%, selon le bulletin de l'indice des prix à la consommation des ménages de l'Institut national de la statistique (INS).

L'institution financière avance d'autres prévisions relatives au taux du déficit commercial de la Tunisie qui devrait diminuer à 5,4% en 2024. A noter que le taux du déficit était d'environ 8,6% en 2022, selon la même source.

Le déficit commercial de la Tunisie a enregistré une baisse au cours des huit premiers mois de l'année 2023, pour atteindre 12.194,7 millions de dinars (MD), contre 16.913,7 millions de dinars par rapport à la même période de 2022, selon les données récentes de l'INS.

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