Dans l'archipel des Comores, l'élection présidentielle se tiendra dimanche. Mercredi, le président Azali Assoumani, candidat à sa réélection face à cinq opposants, s'est rendu dans l'île d'Anjouan. Ce n'est pas son fief d'origine, mais l'enjeu est important car l'île pèse lourd en termes d'électeurs. Azali Assoumani a rassemblé ses soutiens pour un meeting dans la ville de Sima, à une vingtaine de kilomètres de Mutsamudu, la capitale de l'île.
Azali Assoumani est président, colonel et imam. Pour solliciter sa réélection, il commence donc par invoquer le Coran. Car aujourd'hui, Azali Assoumani est surtout candidat.
Soidiki Ahmed est venu de la ville de Tsembéhou lui apporter son soutien. « Pour l'île d'Anjouan, des écoles primaires ont été construites, il y a aussi d'autres infrastructures. Actuellement, on est en train d'aménager la direction régionale de l'hydrocarbure à Anjouan, la route de Mutsadmudu-Sima est en train d'être rénovée. On espère qu'il continuera pour que ces projets aboutissent. »
S'il n'avait pas modifié la Constitution en 2018, Azali Assoumani n'aurait pas pu se représenter et, en vertu du principe de présidence tournante entre les îles de l'archipel, les prétendants auraient tous dû venir d'Anjouan.
Djismane Abdallah, Anjouanaise de Mutsamudu, ne s'estime pourtant pas lésée. « C'est pas un problème ! À quoi bon changer de président alors que ce que Azali fait maintenant, c'est pour toutes les îles. Les Anjouanais ont compris. Ils ont accepté que notre président soit réélu ! »
L'île d'Anjouan représente près de 40% des électeurs comoriens. Selon les chiffres officiels, pour ce scrutin présidentiel de 2024, l'île d'Anjouan compte 132 565 électeurs, sur un total de 338 940. Grande Comore, où se trouve la capitale Moroni, rassemble 181 100 électeurs, et la troisième île, Mohéli, 25 275.
Mais parmi les Anjouanais, beaucoup émettent aussi de virulentes critiques contre le président sortant. Parmi ceux-là, presque tous ont exprimé leur peur de dire ces critiques au micro. Ils affirment craindre des représailles de la part des forces de sécurité. Saïd est un Anjouanais qui réside dans la ville de Lingoni. Il a accepté de confier certaines de ses réserves, et il estime qu'à Anjouan, « on ne voit pas l'État ». « L'aéroport est trop petit, le port est comblé avec des ordures et les bateaux ont du mal à entrer. Il n'y a pas d'électricité. Il y a même des problèmes de connexion avec les téléphones. »
Avec notre envoyé spécial de retour de Sima sur l'île d'Anjouan