L'Allemagne pourrait participer aux opérations de protection de la mer Rouge, un passage essentiel pour l'économie mondiale, attaqué par les rebelles Houthis.
L"autoroute de la mer" est de plus en plus dangereuse. La mer Rouge qui relie la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie, continue à être le théâtre d'attaques des Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen.
Les rebelles du Yémen affirment ce mercredi (10.01) avoir tiré des "drones et des missiles" contre un navire américain. Peu avant, les forces britannique et américaine disaient avoir déjoué "la plus importante attaque" des Houthis en mer Rouge.
Les Etats-Unis ont en effet lancé une coalition internationale, à laquelle l'armée allemande pourrait participer. Du moins, l'option est étudiée à Berlin.
L'enjeu est de protéger les quelque 20.000 navires qui transitent chaque année par le canal de Suez.
Passage par le cap de Bonne-Espérance
Ils s'appellent Maersk, Hapag-Lloyd, CMA CGM ou encore MSC : Autant d'armateurs qui ont dû ces dernières semaines interrompre leur passage par la mer Rouge, face aux rebelles Houthis soutenus par l'Iran, qui disent agir en solidarité avec le Hamas et les Palestiniens de Gaza, et qui ont déjà perpétré des dizaines d'attaques contre des navires, à coup d'armes lourdes, de drones de combat et de missiles de croisière.
Les données du Fonds monétaire international (FMI) sont sans appel : les volumes transportés via le canal ont chuté de 35% la semaine dernière comparé à la même période de 2023.
Depuis le début de cette crise, près d'une vingtaine de transporteurs ont décidé de dérouter leurs navires. Les volumes transitant par le cap de Bonne-Espérance au large de l'Afrique du Sud ont bondi de près de 70 %., bien que cette route soit plus longue et surtout, plus coûteuse.
Opération "Gardien de la prospérité"
La coalition internationale lancée par les Etats-Unis en décembre ne porte pas sans raison le nom de "Prosperity Guardian", opération "Gardien de la prospérité".
Car la route par la mer Rouge est essentielle pour l'économie mondiale. En passant par le Canal de Suez, les navires peuvent directement se rendre de l'océan Indien vers la mer Méditerranée. Près de 12 % du commerce mondial passe par la mer Rouge et près de 30% des volumes de conteneurs.
Voilà une motivation supplémentaire pour participer à une coalition militaire, à laquelle Washington a convié une quarantaine de pays, dont l'Allemagne.
"L'Allemagne est la troisième nation exportatrice dans le monde. Un blocage du transport de marchandises nous concerne tous", abonde à Berlin la députée Agnes Strack-Zimmermann, qui occupe aussi la fonction de présidente de la Commission de défense du Bundestag.
En attendant le feu vert du Bundestag
Le Parlement allemand a le dernier mot lorsqu'il s'agit d'envoyer un soldat participer à une mission. C'est une particularité de l'Allemagne : chaque intervention de l'armée doit obtenir le feu vert des députés.
Au-delà de l'initiative américaine, Berlin étudierait aussi la possibilité d'une intervention dans le cadre d'un mandat de l'Union européenne.
Le Bundestag se retrouve la semaine prochaine. La majorité gouvernementale composée par les socio-démocrates du SPD, les Verts et les libéraux du FDP semble favorable à une participation. Les mots choisis par le porte-parole du chancelier Olaf Scholz laissent eux aussi peu de doutes : "Il existe un droit à la sécurité, a dit Steffen Hebestreit. Et quand ce droit est menacé, la communauté internationale est appelée à diminuer ces menaces."