Dakar — L'ancien Directeur Afrique du Fonds international de développement de l'agriculture (FIDA), Mohamed Beavogui, a mis en exergue, mercredi, à Dakar, le rôle des médias dans la résolution du problème de l'insécurité alimentaire.
Prenant part à un panel sur "Médias et enjeux de la sécurité alimentaire" dans le cadre des 50èmes Assises de la Presse Francophone à Dakar, il a rappelé que le premier rôle du journaliste est "d'informer sur les meilleures connaissances pour une bonne production, d'informer sur les disponibilités, sur les contraintes, sur les marchés".
Le deuxième rôle, a- t-il dit, c'est "d'alerter car la sécurité alimentaire est sujette souvent à des crises et il faut alerter suffisamment tôt pour permettre aux gouvernants et au grand public de répondre rapidement".
"En troisième lieu, le journaliste doit également procéder à des analyses, faire de l'investigation de ce qui se passe en milieu rural, de discuter avec les gens, d'écouter les paysans et de passer l'information", a souligné M. Béavogui, ancien Premier ministre de la Guinée (2021-2022) qui a travaillé pendant près d'une décennie pour l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation (FAO).
En gros, a t-il relevé, "dans le domaine de la sécurité alimentaire, nous avons besoin de journalistes qui apportent des solutions et qui accompagnent les efforts louables des paysans".
"Sans information, la sécurité alimentaire est difficile à atteindre alors que la sécurité alimentaire, c'est la paix", a soutenu Mohamed Beavogui.
Soulignant que le paysan produit 70% de l'alimentation dans les pays africains, il constate que ce dernier est pratiquement invisible sur la carte des médias.
"Il faut beaucoup plus de programmes non seulement pour le connaitre, l'accompagner mais lui donner des plateformes d'échanges", selon lui.
Membre de plusieurs panels axés sur les questions de financement du développement, de la réduction de la pauvreté, il a estimé que "les paysans ont des solutions pour l'insécurité alimentaire".
"Si les médias permettent de disséminer suffisamment ces solutions au niveau de la radio, de la télé et de la presse écrite, chacun pourra apprendre de l'autre et les solutions vont venir beaucoup plus facilement", a fait valoir Beavogui.
Le FIDA a organisé des formations pour les journalistes depuis les années 1990 mais à petite échelle, a-t-il rappelé. Progressivement l'organisation a commencé à travailler avec l'Agence Reuters avec des programmes réguliers de formation.
Au cours du panel, il a été également question de voir comment l'Union de la Presse Francophone (UPF) pourrait rejoindre cette initiative pour permettre à ses membres d'accéder aux connaissances sur la sécurité alimentaire.
Ouvertes mardi par le chef de l'Etat sénégalais au Centre international Abdou Diouf de Diamniadio, les Assises qui se tiennent à Dakar pour la quatrième fois après 1962, 1984 et 2014, se poursuivent à l'hôtel Azalaî jusqu'à jeudi, date de clôture de l'évènement sous la présidence du Premier ministre Amadou Bâ.
Le thème de cette 50ème édition porte sur »Médias paix et sécurité » avec des panels et des ateliers sur des sous thèmes tels que "Paix et sécurité à l'heure des réseaux", "Comment concilier liberté de presse et responsabilité" ou encore "existe-t-il des médias pour la paix".
Près de 250 journalistes, éditeurs, patrons de presse, experts prennent part aux assises à l'initiative du Comité international de l'Union de la Presse Francophone.