Ile Maurice: «Le prix du billet d'avion reste élevé et exclut nombre de voyageurs à petit budget»

interview

Fini le «revenge travel». L'industrie touristique est désormais confrontée à la compétitivité de sa destination, selon le «Chief Executive Officer» (CEO) de l'AHRIM. S'il dresse un bilan positif au terme de 2023, il estime que pour l'année qui commence, la prudence est de mise face à de nouveaux défis, notamment les hausses salariales suite à l'annonce gouvernementale, alors même que la productivité dans ce secteur ne s'est guère améliorée.

Quel bilan dressez-vous de l'industrie touristique pour 2023 ? Pensez-vous que les objectifs en termes d'arrivées et de recettes ont été atteints ?

Pour les neuf premiers mois de 2023, nos taux de récupération par rapport à 2019 sont de 93 % pour les arrivées, 98 % pour les nuitées et 135 % pour les recettes en roupies courantes. Nous espérons, d'ici la fin de l'année, atteindre 100 % de récupération pour les nuitées avec moins de touristes, grâce à une durée moyenne de séjour plus longue. Cette tendance se confirme avec les chiffres des arrivées de novembre, récemment disponibles, qui indiquent un total de 1 146 265 arrivées et une durée moyenne de séjour de 11,3 nuits. En comparaison, à la fin de novembre 2019, nous avions enregistré 1 194 441 arrivées avec une durée moyenne de séjour de 10,6 nuits. Nous devrions terminer l'année 2023 avec plus ou moins le même nombre de nuitées qu'en 2019, soit environ 14,5 millions. Nos arrivées afficheront très probablement un chiffre légèrement inférieur à 1,3 million, mais cela représentera une mission accomplie pour l'industrie. Par ailleurs, les recettes touristiques jusqu'à fin octobre sont en hausse d'environ 36 % en roupies courantes, ou de 10 % en euros courants par rapport à 2019.

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Le cycle de recouvrement post-Covid, qui nous a permis d'atteindre une performance bien au-delà de nos espérances, arrive à son terme. Comme prévu, le «revenge travel» s'estompe. Et le retour à la normale remet en évidence la problématique de compétitivité de la destination. Le prix du billet d'avion reste relativement élevé et exclut bon nombre de voyageurs à petit budget. À cela se sont ajoutés les effets de la guerre Israël-Hamas et du conflit Russie-Ukraine.

Quelle est la performance des différents marchés ?

Les premières analyses à la fin de novembre indiquent que les marchés français et anglais ont déjà dépassé leurs niveaux de 2019, avec une croissance respective de +7 % et +3 %. Le marché al- lemand se situe légèrement en dessous, bien qu'il ait été celui ayant démarré le plus vigoureusement en janvier 2022. Selon certains experts, ces voyageurs sont particulièrement sensibles aux initiatives en matière de durabilité et aux prix, des aspects auxquels nous devrons accorder une attention particulière. La Réunion n'a pas encore retrouvé son niveau précédent. L'Afrique du Sud subit les conséquences de ses problèmes économiques et affiche une reprise à 87 %. En revanche, l'Inde demeure une grande déception, avec un recouvrement de 71 %, malgré une connectivité largement rétablie et l'arrivée de Vistara. Le marché chinois, quant à lui, n'est pas encore prêt.

Les attentes pour le mois de décembre étaient fortes. Le bilan est mitigé : nous avons observé une bonne reprise des hôtels 3-étoiles, qui font mieux qu'en 2022, alors qu'en moyenne générale, les 5-étoiles n'affichent pas une performance aussi bonne que nous l'espérions.

Il y a également la problématique de l'importation de maind'oeuvre étrangère pour maintenir la qualité des services dans les établissements hôteliers.

Une nouvelle politique d'emploi de la main-d'oeuvre étrangère pour le secteur est récemment entrée en vigueur, nous permettant désormais d'y recourir. Un autre défi auquel nous faisons face est la hausse des coûts salariaux à partir de janvier, alors même que la productivité peine à s'améliorer.

Comment envisagez-vous les perspectives pour 2024 ?

Elles demeurent bonnes, mais la prudence reste de mise. Car les mois se suivent mais ne se ressemblent pas ! Le taux de réservation pour janvier est très satisfaisant, tandis que pour l'instant, février semble, pour l'heure, moyennement prometteur. En revanche, mars et avril présentent des perspectives plus favorables. L'arrivée d'Aeroflot, la continuité des vols en provenance de Genève et ceux qu'Air Mauritius envisage de reprendre auront très certainement un impact positif sur l'activité.

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