Une nouvelle fois, le district d'Ikongo au sud-est de l'île, se retrouve isolé du reste du monde. Après le passage de la forte tempête tropicale Alvaro le 1er janvier, cette zone a subi -moins d'une semaine après- des pluies diluviennes qui ont fait au moins 8 morts et causé d'importants dégâts.
La population, qui peinait déjà à se remettre des différents cyclones des années précédentes, doit affronter ce nouveau bouleversement, seule : l'accès au district ne se fait plus qu'à pieds ou en moto.
Sur place, ce sont des ponts emportés par les crues, des chaussées coupées par les éboulements de terrains, des parcelles inondées. « C'est une catastrophe », raconte sobrement par téléphone, Andry, agriculteur de Mangarivotra, au centre du district. Quatre de ses six hectares de culture ont été dévastés par les eaux. « On n'a plus de nourriture, on a besoin d'aide », poursuit ce père de famille.
« Nous n'avons plus de nourriture, plus de provisions, plus aucune semence non plus »
Nirana, habitante de Tsarakianja au sud, décrit des scènes d'apocalypse : des zébus emportés par les flots, des maisons ravagées par les crues. Avec son mari, elle héberge dix de ses voisins qui ont perdu leur maison. « Nous n'avons plus de nourriture, plus de provisions, plus aucune semence non plus », se désole l'agricultrice.
Une consternation que relaie le député d'Ikongo Jean-Brunelle Razafitsiandraofa : « La situation est très grave. J'ai reçu beaucoup de doléances qui disent que les rizières sont toutes détruites, les cultures endommagées. Donc, la population en général a besoin d'aide surtout en matière de semence, puisque chaque paysan va devoir renouveler ses cultures. »
La destruction des cultures et l'impossibilité d'acheminer par la route les biens de premières nécessité et la nourriture soulèvent un autre problème, explique Silvien Auerbach, responsable de Médecins sans frontières (MSF), l'un des rares acteurs humanitaires à avoir une base avancée dans la zone.
« La situation nutritionnelle, sur le district d'Ikongo, est globalement mauvaise, explique-t-il. La dernière enquête de malnutrition et d'insécurité alimentaire montre des niveaux de crise élevés sur certaines communes, donc ça reste un problème majeur dans la zone. Et les intempéries, forcément, posent le souci d'accessibilité et aggravent la situation globale d'accès à la nourriture. D'ordinaire, dans cette zone, porter assistance est difficile. Mais là, dans ces conditions, ça l'est encore plus ».
En attendant le secours et les aides de l'État, la population d'Ikongo serre les dents, comme souvent.