Lorsque le président de la Banque africaine de développement s'exprime, le monde l'écoute. L'habile dirigeant nigérian a le don de faire la Une des journaux partout où il va, mais derrière ce blitz publicitaire se cache un engagement ferme à défendre les intérêts de l'Afrique chaque fois que l'occasion se présente.
Lorsqu'il s'agit de prendre position, le premier banquier de développement de l'Afrique n'hésite pas à froisser quelques susceptibilités, même avec des partenaires bien établis.
S'exprimant en marge de la COP 28 à Dubaï en décembre, M. Adesina a déclaré que l'Afrique pourrait perdre jusqu'à 25 milliards de dollars par an, en conséquence directe du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'Union européenne, arguant qu'il pourrait entraver de manière significative les progrès de l'Afrique en matière de commerce et d'industrialisation.
Pourtant, l'honnêteté et la franchise de M. Adesina sont clairement tenues en haute estime par la communauté du développement.
En mars 2023, Ajay Banga, alors candidat des États-Unis à la présidence du Groupe de la Banque mondiale et aujourd'hui président en exercice, a rendu visite à M. Adesina au siège de la Banque africaine de développement à Abidjan, première étape d'une tournée mondiale visant à recueillir un soutien mondial en faveur de sa candidature.
L'influence est une chose, la transformer en action en est une autre. En dehors de son travail quotidien de déblocage de prêts et de mobilisation d'investissements, M. Adesina se bat avec acharnement pour le réacheminement des droits de tirage spéciaux (DTS).
Il mène également des campagnes énergiques dans d'autres domaines, devenant de facto le porte-parole à l'échelle mondiale pour de nombreuses questions liées à l'Afrique.
Alors que son mandat actuel court jusqu'en 2025, nous pouvons espérer davantage de la part d'un homme de plus en plus impatient et sur les épaules duquel reposent de nombreuses responsabilités.