Thierno Cissé voulait devenir président de la République du Sénégal. Mais l'informaticien risque de passer le scrutin du 25 février 2024 à la prison de Rebeuss. Arrêté, la semaine dernière, dans les locaux du Conseil constitutionnel pour avoir inventé une liste de députés, ce candidat déclaré a finalement pris six mois ferme.
« Instruction m'a été donnée de déposer avec neuf pièces. L'instruction ne vient pas de moi, ni d'un être humain, mais d'un être supérieur : Allah Sub'hanah wa Taha'Allah ». Ces propos tenus à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar en disent long sur son état psychique.
En attendant de disposer d'une attestation formelle délivrée par un expert psychiatrique assermenté pour confirmer ou infirmer ces suspicions, il faut reconnaître que le comportement de Cissé a attiré l'attention de plus d'un. Des locaux du Conseil constitutionnel où il est interpellé, à sa garde à vue au Commissariat du Plateau, en passant par la DIC, il nous revient que partout où il est passé, ses faits et gestes sont très différents de ceux d'une personne saine d'esprit.
S'ajoute à cela la révélation de sa famille, qui a crié haut et fort que le désormais ex-candidat de « Major 2024 » a commencé à présenter des signes de déséquilibre depuis son séjour au Canada, il y a trois ans.
Quoi qu'il en soit, la jurisprudence Thierno Cissé devrait pousser le législateur à sévir : réformer l'article L.121 du Code électoral en exigeant par exemple de tout candidat à l'élection présidentielle une dixième pièce dans son dossier (le certificat médical). Cela peut paraître banal, mais c'est fondamental. Et ce n'est pas trop demander à quelqu'un qui aspire à présider aux destinées de notre cher pays.
Imaginons si ce monsieur parvenait, par la magie de la politique, à être porté à la tête de la magistrature suprême. Ce serait une catastrophe.
La question est d'autant plus cruciale qu'elle pourrait également être une occasion en or pour les autorités étatiques d'imposer un peu plus de sérieux chez certains compatriotes, en mettant ainsi un terme à cette regrettable tendance à décrédibiliser le statut de candidat à une élection présidentielle. Rappelons que dans ce gros lot de 93 prétendants dont le dossier est arrivé sur la table des Sept sages, il y en a qui n'ont même pas daigné déposer la caution ou un casier judiciaire.
N'osons pas croire qu'il y a, parmi eux, d'autres « Thierno Cissé », mais il est, quand même, temps d'envisager une modification de la loi électorale visant à infliger de lourdes sanctions aux farceurs et fantaisistes. Parce qu'apparemment, le tamis du parrainage, bien que fortement critiqué, ne semble pas suffire pour rationaliser les candidatures.