Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), Léonardo Santos Simão, a présenté, hier, au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le dernier rapport du Secrétaire général sur les activités d'UNOWAS. Le rapport couvre la période du 30 juin au 31 décembre 2023.
Devant les membres du Conseil de sécurité, M. Simão a rappelé la persistance des tensions sociopolitiques, l'insécurité grandissante dans le Sahel avec une aggravation de la situation humanitaire et du déficit des systèmes éducatifs, ainsi que l'impact négatif du changement climatique sur la paix et la sécurité dans la sous-région. « Malgré les progrès significatifs qui ont été enregistrés en matière de consolidation de la démocratie, la situation sécuritaire et les défis liés à la gouvernance demeurent des préoccupations majeures, » a-t-il déclaré.
M. Simão a salué la bonne conduite de l'élection présidentielle au Libéria qui a « démontré la capacité des institutions à organiser des scrutins crédibles et à mettre en place des gouvernements dotés d'une légitimité constitutionnelle ». En revanche, les tensions politiques actuelles en Sierra Leone et en Guinée-Bissau, à la suite de processus électoraux, « rappellent la nécessité de renforcer la crédibilité des institutions et des processus de gouvernance démocratique de manière durable, faute de quoi les fragilités sous-jacentes risquent toujours de refaire surface d'une manière ou d'une autre, » a-t-il martelé.
Dans son intervention, le Représentant spécial s'est également inquiété du rétrécissement de l'espace civique et politique dans certains pays de la sous-région. « Malheureusement, les arrestations de journalistes et de défenseurs des droits humains, ainsi que les restrictions à l'accès à Internet et à la liberté de la presse, entre autres préoccupations, ont encore alimenté l'impression d'un déclin de l'espace civique et politique dans certains pays », a-t-il déploré, tout en soulignant l'importance de respecter des libertés fondamentales, « notamment de réunion et d'expression, pour instaurer la confiance entre les citoyens et les institutions ».
Toujours sur le plan politique, et au regard des transitions en cours, M. Simão a réitéré l'engagement d'UNOWAS « à continuer de plaider en faveur du dialogue pour accélérer le retour à un ordre constitutionnel reflétant les aspirations des citoyens et garantir la transparence, l'inclusion et le respect des droits de l'homme dans la gestion des processus de transition ».
Le Représentant spécial a mentionné la situation sécuritaire et humanitaire préoccupante, notamment au Burkina Faso, Mali et au Niger. « Malgré des améliorations dans certaines zones, le nombre de personnes dans l'ensemble de la région centrale du Sahel ayant besoin d'une aide humanitaire et d'une protection a augmenté de 8 % par rapport à 2022, pour atteindre désormais 34,5 millions de personnes, » a-t-il indiqué.
Tout en reconnaissant une stabilisation, certes précaire, dans la région du Bassin du Lac Tchad grâce aux opérations coordonnées de la Force multinationale mixte, M. Simão a alerté sur une éventuelle « reconfiguration des mécanismes de coordination sécuritaire régionale », à la suite de la fermeture de la MINUSMA, au départ des forces étrangères du Sahel et à l'incertitude sur le G5-Sahel. Il a, aussi, exprimé sa satisfaction quant aux mesures prises par la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) « pour rendre pleinement opérationnel son Plan d'action prioritaire 2020-2024 afin d'éradiquer le terrorisme dans la région. »
Parlant de l'impact du changement climatique sur la paix et la sécurité en Afrique de l'Ouest et au Sahel, une réalité que nous ne pouvons ignorer, a-t-il dit, M. Simão a informé les membres du Conseil de Sécurité des résultats des évaluations des risques climatiques entrepris par UNOWAS qui indiquent que « le changement climatique renforce les risques sécuritaires en exacerbant les conflits intercommunautaires et les tension sociales ».
M. Simão a appelé à une plus grande participation des femmes. « Il est impératif que les femmes prennent leur place dans les instances de prise de décision, » a-t-il souligné tout en saluant une plus grande représentation des femmes dans les organes législatifs au Bénin, en Côte d'Ivoire et en Sierra Leone.
Le Représentant spécial a réitéré l'engagement d'UNOWAS à collaborer avec les partenaires régionaux et internationaux pour consolider la paix, la sécurité et la démocratie dont l'Afrique de l'Ouest et le Sahel ont tant besoin. « Face aux multiples défis, l'UNOWAS maintiendra le cap et déploiera ses capacités, en utilisant ses bons offices, en appelant à l'accès humanitaire et en promouvant le respect des droits de l'homme et de l'État de droit, » s'est-il engagé.