Un nouveau scandale secoue le ministère de la Défense au Cameroun, mais cette fois-ci, l'affaire prend une tournure internationale. Depuis le 24 août 2020, la justice française mène une enquête sur une vente d'armes illégale et sans traces d'une valeur de 40 milliards FCFA, soit environ 65 539 467 euros, impliquant plusieurs sociétés offshore.
L'enquête a été ouverte contre trois individus, à savoir IGAL COHEN, DAN COHEN et MICHAEL SFEDJ, dans le cadre des chefs d'accusation de "blanchiment aggravé, faux et usage de faux". L'opération illicite aurait débuté avec un montant de 30 000 000 euros, provenant du compte de la société NATERRE DIDEROT à la banque française BNP - PARIBAS.
Nanterre Diderot, créée en 2016 et détenue à 20% par la société IDC Invest, dont les bénéficiaires effectifs sont Dan et Igal Cohen, s'est retrouvée au coeur de l'enquête. Les analystes anti-blanchiment de la BNP ont détecté des irrégularités dans l'opération et ont alerté l'organisme français de lutte contre le blanchiment, TRACFIN. Ce dernier a approfondi les investigations, révélant un montage financier complexe impliquant des sociétés immobilières et offshore, avec des fonds initialement provenant du Cameroun.
Le juge d'instruction affirme qu'Igal Cohen aurait mis en place un réseau d'opérations financières visant à rapatrier et recycler des fonds issus de contrats illicites au Cameroun, totalisant plus de 60 millions d'euros, soit près de 40 milliards FCFA. Une partie de ces fonds aurait été utilisée par NATERRE DIDEROT pour l'acquisition d'un ensemble immobilier en 2016, évalué à près de 10 milliards FCFA, avec une opération immobilière subséquente générant environ 20 milliards FCFA.
Deux autres sociétés, EXCELLIM et IMMOBILIERE 3 MARTEL, sont également impliquées dans ce vaste réseau de blanchiment d'argent. Cependant, le ministère français des Armées nie toute connaissance de cette opération, conformément à la loi. Du côté camerounais, le ministère de la Défense nie également toute implication dans ce marché, mettant en cause des hauts responsables tels que Joseph Beti Assomo, Ngolo Ngomba, Biligua Martial et le directeur du matériel interarmées.
L'affaire soulève des interrogations majeures quant à la destination de ces 40 milliards FCFA du trésor public camerounais, versés à des sociétés françaises pour une prétendue vente d'armes. Les autorités françaises et camerounaises nient toute connaissance de l'existence d'un tel contrat, alimentant les spéculations sur les rouages complexes de ce scandale financier transnational. L'enquête en cours pourrait bien révéler l'ampleur des ramifications politiques et financières liées à cette affaire.