Gambie: A son procès, l'ex-ministre Ousman Sonko mis en cause dans la répression d'une tentative de coup d'Etat

L'ancien ministre gambien de l'Intérieur continue d'être sur le banc des accusés en Suisse. Devant la Cour criminelle fédérale, Ousman Sonko est accusé de crimes contre l'humanité, torture, enlèvement ou encore exécutions extrajudiciaires. Un procès historique. En cette fin de semaine, la répression d'une tentative de coup d'État en mars 2006 a été évoquée. Un panel d'enquêteurs avait été mis en place. Des suspects interrogés au siège des renseignements, avec de multiples abus commis. Plusieurs victimes ont mis en cause l'ex-ministre.

À travers des témoignages intenses, souvent plein d'émotion, plusieurs Gambiens ont raconté comment ils ont été brutalement interrogés aux renseignements. Ils ont détaillé les coups, les tortures et les viols subis. Des méthodes cruelles dont le but était d'arracher des aveux.

Mais quel rôle Ousman Sonko avait-il ? Lui qui était chef de la police à l'époque. Il n'a pas participé directement aux interrogatoires, mais on l'accuse d'avoir été membre du panel d'enquêteurs chargés de superviser l'opération, et de ne pas avoir dénoncé les abus.

Me Philippe Currat réfute toute responsabilité de son client. Selon lui, le président du panel a affirmé qu'Ousman Sonko n'en faisait pas partie. Certes, l'ancien ministre est venu à quelques reprises dans les locaux, mais il n'a pas assisté aux sévices et n'avait aucun contrôle sur les tortionnaires. « Il n'y a rien contre lui. Et même s'il avait été au courant des mauvais traitements, cela n'engage pas sa responsabilité pénale », indique l'avocat. Me Currat va plus loin et accuse certains témoins de mentir, d'avoir modifié leurs versions des faits de façon coordonnée pour obtenir une condamnation. « J'espère que les juges ne seront pas dupes », indique l'avocat.

Benoît Meystre, conseiller juridique pour Trial International, l'ONG à l'origine du procès, estime qu'Ousman Sonko avait bien une responsabilité du fait de ses hautes fonctions. Quant aux victimes, « elles peuvent enfin s'exprimer. Non pas devant un procureur mais devant un tribunal. Ça fait toute la différence », estime-t-il.

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