Afrique: 146 plaintes d'abus signalées au ministère du Travail de janvier à octobre 2023

Des questions fondamentales sur le bien-être des travailleurs étrangers se posent à nouveau après que Transparentem a publié son rapport d'enquête sur les abus subis par les travailleurs étrangers à l'île Maurice.

Pour rappel, l'organisation américaine a examiné les conditions de travail dans cinq usines mauriciennes, à savoir Denim de l'Île (DDI) Ltd, R.E.A.L Garments Ltd et trois usines appartenant à Firemount Group Ltd : FM Denim, Firemount Textiles (SLDC Industrial Zone) et Firemount Textiles (Didi Industrial Zone). Les enquêteurs ont rencontré 83 travailleurs sur une période de deux ans et rendu leur rapport en décembre. Transparentem s'est également entretenu avec des travailleurs d'Aquarelle Clothing Ltd. Conclusion : des indicateurs de travail forcé, tels que définis par l'Organisation internationale du travail, sont là.

Réagissant au rapport de Transparentem, une source officielle du ministère du Travail, des relations industrielles et de l'emploi, indique qu'en 2023, lors d'un échange avec la représentante de l'organisation, »nous avons fourni tous les détails sur les mesures que nous avons prises pour soulager l'avenir des travailleurs étrangers, sachant que tout ce que nous faisons à notre niveau est conforme aux normes et conditions prescrites par l'Organisation internationale du travail et les lois sur les migrations internationales. Il est surtout question dans le rapport du paiement des frais de recrutement aux agents par les travailleurs dans leur pays d'origine, sur lequel le gouvernement n'a aucune influence. À notre niveau, avant même d'adopter la Private Agencies Recruitment Act en 2023, nous avons eu des négociations avec certains pays pour qu'il soit clair, noir sur blanc, que tout travailleur étranger en provenance du pays en question ne peut pas payer de frais supplémentaires. Néanmoins, nous ne pouvons pas tout contrôler à l'extérieur d'ici».

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Mais le problème ne se limiterait pas aux cinq usines sur lesquelles Transparendem a enquêté, et malgré les structures d'intervention bien établies mises en place au niveau du ministère, les abus sur les travailleurs étrangers continuent de perdurer. Selon les données qui nous ont été communiquées par le ministère du Travail lui-même, de janvier à octobre 2023 seulement, 146 plaintes ont été reçues en général au niveau de la Special Migrant Workers Unit, qui relève du ministère. Ces plaintes concernent le non-paiement ou le paiement incomplet des salaires, c'est-àdire que les travailleurs étrangers dans le pays n'ont pas reçu leur salaire à temps ou n'ont pas reçu le montant dû conformément au taux prescrit dans les ordonnances de rémunération. En outre, les employeurs n'ont pas voulu fournir de billets d'avion aller-retour aux travailleurs étrangers et n'ont pas respecté les conditions d'emploi.

La loi est pourtant claire

D'autres cas flagrants signalés : problèmes de nourriture et d'hébergement, disponibilité de l'eau et de l'électricité, ainsi que le fait que les passeports ont été retenus de force par les employeurs dans les usines à travers le pays. Au 31 octobre 2023, la Special Migrant Workers Unit avait effectué 365 inspections et suivis, et mené 407 enquêtes à travers l'île.

Il convient de noter que le rapport d'enquête de Transparentem ne blâme pas le gouvernement ou le ministère du Travail, mais révèle surtout les conditions dans les usines en question. Cependant, il met en évidence des lacunes systémiques et formule des recommandations sur les mesures qui peuvent être adoptées par toutes les parties prenantes afin d'améliorer la situation des travailleurs étrangers. D'autant plus que le rapport note que l'un des obstacles à la prise en compte des griefs est que les personnes chargées de représenter le bien-être des travailleurs dans les usines sont elles-mêmes nommées par la direction, ou que les travailleurs ont peur de porter plainte parce que, lorsqu'ils le font, ils sont confrontés à l'intimidation et au risque de déportation.

«La loi est claire, et si nous constatons effectivement qu'il y a des abus, les dispositions sont là en vue d'agir. Si nous recevons des plaintes, nous enquêtons. Dans certains cas, les travailleurs peuvent hésiter ou avoir peur de dénoncer, mais nous travaillons à l'amélioration du bien-être et les portes sont ouvertes pour chercher un recours. Un comité interministériel travaille également pour apporter une solution à ce type de situation», nous explique t-on au niveau du ministère du Travail.

Dans sa réponse à Transparentem, Aquarelle Clothing Ltd, chez qui les témoignages concernent essentiellement le processus de recrutement, a indiqué entre autres que tous les travailleurs recevront désormais une copie de leur lettre de service et recevront une formation avant de quitter leur pays d'origine, que le responsable des ressources humaines d'Aquarelle leur apportera. Aquarelle Clothing Ltd a expliqué qu'elle était responsable du paiement des frais de recrutement et des coûts connexes directement à l'agent par virement bancaire. Selon Aquarelle Clothing Ltd, jusqu'en février 2023, il a été question lors des entretiens de savoir si les travailleurs payaient des frais de recrutement, à quoi la réponse a toujours été négative, note le rapport de Transparentem. Nous avons contacté les trois autres fournisseurs en question pour obtenir des explications au sujet du rapport. À l'heure où nous mettions sous presse, une réponse était toujours attendue.

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