Le décès de Farad Dilmohamed, survenu dans la nuit de mercredi après avoir été agressé par son codétenu au poste de police de Vallée-Pitot, porte encore plusieurs zones d'ombre. Le rapport d'autopsie a attribué la mort de cet habitant de ValléePitot, âgé de 58 ans, à une rupture de la rate, ainsi que trois côtes fracturées qui lui ont perforé le poumon. Les proches de ce quinquagénaire continuent à se poser des questions et attendent des réponses.
En effet, quelques heures avant le drame, la victime avait été conduite à l'hôpital par les policiers après une altercation avec son codétenu. Cependant, lors de l'examen médical à l'hôpital, le médecin de garde n'a rien relevé d'anormal. La question reste alors : comment une bagarre a-t-elle pu éclater dans une cellule sans que les policiers ne s'en aperçoivent ? -«Nous voulons que justice soit faite, même si cela ne ramènera pas mon mari. Je veux savoir comment une déclaration peut être faite dans un poste de police sans que ces derniers ne le sachent. Et comment ce médecin a pu laisser partir mon mari malgré ses plaintes de douleurs aux côtes et sa difficulté à respirer ?»-, se demande cette habitante de Vallée-Pitot, également employée à l'hôpital Dr A. G. Jeetoo.
Elle explique qu'elle ignorait tout de l'arrestation de son époux, appréhendé pour vol mercredi. Après le travail, elle s'est rendue chez sa fille. En début de soirée, lorsque son gendre a conduit son père à l'hôpital, il a trouvé Farad Dilmohamed avec des policiers. Ce dernier lui a alors relaté l'incident et lui a dit ressentir d'intenses douleurs. Le gendre a alerté l'épouse de la victime. «Mon mari semblait aller bien ; il pouvait parler», ajoute-t-elle. Vers 22 h 30, elle a reçu un appel de ses collègues de l'hôpital, l'informant que son époux a rendu l'âme et que son corps a été transporté à la morgue.
«J'étais sous le choc. Mon gendre venait à peine de me dire que mon époux n'était pas mourant et là, on m'annonce qu'il est décédé alors qu'il était sous la responsabilité de la police. Il a été examiné par un médecin et a également subi une radiographie qui n'a rien révélé d'anormal. On a voulu me faire croire qu'il avait eu un arrêt cardiaque. J'ai alerté mes proches. Nous nous sommes rendus au poste de police pour obtenir des réponses et essayer de comprendre ce qui a poussé le codétenu à l'agresser. Mais les policiers l'avaient déjà transféré au poste de police de Plaine-Verte», relate la veuve de Farad Dilmohamed.
En effet, aux environs de 18 heures, Jean Paul Ravina, un habitant de Baie-du-Tombeau, âgé de 24 ans et arrêté pour agression sexuelle, a demandé à se rendre aux toilettes. Quand il est revenu dans sa cellule, les deux hommes se sont disputés avant d'en venir aux mains. Selon les recoupements d'informations, le suspect a avancé que la victime faisait du bruit, ce qui le dérangeait. Jean Paul Ravina a tabassé le quinquagénaire. Les policiers présents ont réussi à les séparer. Farad Dilmohamed s'est plaint de douleurs. Il a immédiatement été transporté à l'hôpital où il a été examiné et on lui a fait une radiographie. Ensuite, il a reçu des médicaments avant d'être ramené au poste de police aux environs de 20 h 50.
Vers 22 heures, lors d'une vérification, un constable a constaté que Farad Dilmohamed gisait, semi-inconscient, dans sa cellule. «Un policier m'a dit qu'en rentrant, il s'est rincé le corps après être allé dans sa cellule. Plus tard, ils l'ont trouvé dans un état anormal et ils l'ont emmené à l'hôpital. À l'hôpital, le médecin de garde a dit que c'était trop tard», confie la veuve. Le policier a effectivement examiné le quinquagénaire et a constaté que son pouls était faible. Les policiers ont sollicité l'aide du Service d'aide médicale urgente. À leur arrivée, le quinquagénaire a reçu les premiers soins, mais il est resté dans un état semi-comateux. Il a alors été à nouveau transporté à l'hôpital par les policiers, et à son arrivée, les médecins ont constaté qu'il avait déjà rendu l'âme. Son corps a été transporté à la morgue de l'hôpital pour les besoins de l'autopsie.
«Je reste stupéfaite que le médecin des urgences n'ait rien trouvé, ni même lors de la radiographie. Comment une telle situation peut-elle se produire dans un poste de police ? Cela m'interpelle. Si mes collègues ne m'avaient pas appelée pour m'en informer, je n'aurais pas su ce qui s'était passé. Mais je veux des réponses, même si cela ne ramènera pas mon mari», déclare-t-elle. Les funérailles de Farad Dilmohamed ont eu lieu jeudi.