Ile Maurice: Fuir la guerre en Ukraine, affronter l'insécurité à Maurice

Quitter l'Ukraine en guerre pour s'installer à Maurice avait tout l'air d'une évasion au paradis. Sauf que ce rêve, à peine entamé, a viré au cauchemar pour l'Ukrainienne Valeria Ivanina. Ne sachant plus à quelle porte frapper après de multiples plaintes sans suite à la police, elle nous a contactés durant la semaine pour dénoncer l'insécurité qui perdure dans son complexe résidentiel clôturé, à Tamarin, dans l'espoir que son cri de détresse soit entendu.

Elle a connu des jours de décembre avec une température de -10 °C, sans chauffage, ni eau ni connexion mobile ou internet pour avoir les nouvelles de ses proches. «Les missiles russes ont détruit nos centrales électriques et nos satellites. Les gens se rassemblaient aux stations-service car c'était les seuls endroits où l'on pouvait trouver des générateurs diesel pour avoir du thé chaud et une connexion internet, simplement pour rester en contact avec nos proches. J'en profitais pour travailler aussi car je suis en freelance en marketing et je devais assister à des réunions en ligne», confie Valeria Ivanina.

En décembre 2022, face à la peur constante qu'un missile ne lui tombe dessus à tout moment et préoccupée par le fait de ne pouvoir nourrir sa famille et elle-même, Valeria Ivanina prend la déchirante décision de quitter son pays natal, à la recherche de sécurité sous le soleil mauricien.

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Cependant, la réalité s'est avérée différente de ses attentes. «J'ai été cambriolée cinq fois, quoique ma résidence soit située dans un complexe d'appartements sécurisé. Je connais la vie avant et après la guerre. J'ai probablement appris la plus grande leçon de ma vie : la sécurité est le plus grand luxe», témoigne-t-elle. Cela a commencé par une certaine somme d'argent, puis, une bouteille de parfum a disparu. La dernière fois, les voleurs ont pris son téléphone et son ordinateur portable, ses outils pour gagner sa vie et survivre.

Comme son partenaire et elle l'ont découvert plus tard, les voleurs entraient dans l'appartement par le jardin car le complexe est situé sur la colline. «Ils se permettaient d'entrer dans les propriétés la nuit, pendant que les gens dormaient. Je suis choquée. Imaginez si je me réveillais pendant une visite indésirable !», craint notre interlocutrice.

Valeria Ivanina soutient avoir choisi de quitter l'Ukraine pendant la guerre pour être en sécurité. «J'ai choisi Maurice comme pays où vivre, en attendant que la guerre se termine. C'était parce que c'est un pays magnifique, développé et bien sûr, sécurisé, avec un taux de criminalité bas, presque inexistant. Toutefois, je constate que j'ai eu tort en ce qui concerne la sécurité. Je vis dans un complexe fermé, mais les cambriolages se produisent presque quotidiennement et personne ne fait rien pour les prévenir. La police, à qui j'ai déposé plainte, ne semble pas non plus très motivée à résoudre la situation. Son rôle, tout comme celui des gardiens, est d'assurer la sécurité, mais ce n'est pas le cas», regrette-t-elle.

Valeria Ivanina tient à préciser que tout résident étranger n'est pas forcément une personne aisée. «Je viens d'Ukraine, le pays le plus pauvre d'Europe, et en guerre. D'ailleurs, en comparant le produit intérieur brut par habitant, l'Ukraine est deux fois plus pauvre que Maurice. Vivre ici ne signifie pas que j'ai une vie luxueuse. En tant que freelance en marketing, j'ai de nombreuses demandes et commandes de clients hors de Maurice. Mon travail est lié au marketing digital, donc, mes principaux outils de travail sont l'ordinateur portable et le téléphone. Je travaille de 12 à 14 heures par jour pour pouvoir me permettre de vivre ici.»

Maintenant, avec le vol de son ordinateur portable, elle affirme n'avoir plus d'outils pour continuer à subvenir à ses besoins. Elle confie qu'avec les nombreux vols, certains de ses voisins ont décidé de changer d'endroit.«Quant à moi, j'aime où je vis ; j'aime ce beau pays et ses habitants gentils, et ces quelques voleurs n'affecteront pas mon admiration pour le pays. Je vois toujours beaucoup de bonnes choses. Mais la sécurité devrait être la priorité. C'est le besoin fondamental de chaque être humain, riche ou pauvre.»

Malgré tout, la jeune femme reste déterminée et prête à agir. En collaboration avec les voisins qu'il reste, elle envisage de mettre en place une surveillance collective et renforcer la sécurité dans la limite de leurs moyens. Celle qui a survécu à une guerre sans pitié, ne demande qu'un coin de paix. Est-ce trop demandé, même à Maurice ?

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