Le Bénin a connu deux jours d'effervescence autour de la célébration du Vodun. Anciennement connue sous l'appellation fête des religions endogènes, cette célébration est désormais appelée "Vodun Days" dans un souci d'internationalisation et d'activation du tourisme.
"Nous avions estimé qu'il est important de déconstruire l'image que les gens se font du Vodun, dépeint comme étant l'émanation du mal. Donc la relation est vite faite entre rétablir notre identité, la retrouver, la partager avec le monde et en plus développer l'économie à travers le tourisme", a déclaré le président béninois Patrice Talon.
Les "Vodun Days" ont drainé des milliers de personnes dont des touristes africains américains en quête d'identité et de restauration mémorielle. Patrice Talon annonce que "les réflexions sont en cours pour que les lois de la république puissent permettre à ces descendants d'Afrique de se sentir chez eux".
Pour le président béninois, "le Bénin est la terre natale de chaque afro-descendant, faire la démarche morale et même spirituelle pour leur prouver que quel que soit leur lieu de provenance, ils sont avant tout Béninois. C'est cela que nous voudrons construire et les réflexions sont en cours pour voir comment on peut traduire tout cela dans les lois de la république, faire le lien entre ce besoin mémoriel et les lois de la république".
Patrice Talon se dit conscient de heurter certaines sensibilités religieuses, surtout les chrétiens ainsi que ceux qui continuent de peindre en noir le Vodun. Mais il considère que ses charges d'État l'obligent à voir au-delà de ses croyances personnelles. "Si tel aspect de telle religion a des intérêts économiques, culturels importants pour mon pays, j'ai l'obligation d'utiliser les ressources publiques pour faire sa promotion", soutient Patrice Talon, soulignant qu'il "mesure le risque".
"Je suis chrétien catholique pratiquant et je sais combien mon action actuelle peut heurter l'intérêt de la propagation de la foi chrétienne. C'est évident que le clergé doit penser que ce que je fais n'est pas en conformité avec ce qu'il attend de moi. Je suis dans une charge qui m'impose de travailler avec tout le monde. Je dois également identifier tous les facteurs de développement économique. Donc si tel aspect de telle religion a des intérêts économiques, culturels importants pour mon pays, j'ai l'obligation d'utiliser les ressources publiques pour faire sa promotion", a-t-il déclaré.
La première édition des Vodun Days est un "test" selon le président Talon, qui promet une deuxième édition bien plus structurée et toujours axée sur le besoin de donner un élan au tourisme tout en détruisant les préjugés sur le Vodun.