Bujumbura a mis en exécution sa menace de refouler les ressortissants rwandais de son sol. Mercredi dernier, le pays avait annoncé la fermeture pour une période indéterminée de toutes ses frontières terrestres avec le Rwanda, à cause selon les autorités « du mauvais voisinage du président rwandais Paul Kagame ». Après cette annonce, Gitega n'a pas tardé à appliquer cette mesure.
Impossible pour le moment de chiffer précisément le nombre de ressortissants rwandais déjà refoulés du sol burundais depuis mercredi, car le gouvernement burundais refuse jusqu'ici de communiquer sur le sujet. Mais l'ONG SOS Torture/Burundi parle d'une trentaine de ces ressortissants remis aux autorités rwandaises jeudi et vendredi, rien qu'au poste-frontière de Ruhwa, dans la province de Cibitoke, au nord-ouest du pays.
Une quarantaine d'autres arrêtés par des Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, étaient toujours écroués hier matin dans les cachots de la commune de Mugina, dans la même province de Cibitoke, en attendant leur expulsion, toujours selon la même source.
D'autres encore ont été arrêtés dans de nombreuses autres provinces et seraient en passe d'être renvoyés au Rwanda. Mais est-ce un simple hasard ? Le ministre burundais de l'Intérieur, Martin Niteretse, avait annoncé mercredi que ce travail était facilité par le fait qu'ils se servaient de listes des étrangers vivant au Burundi que venaient de confectionner les gouverneurs des provinces, selon le journal SOS Burundi Médias. Officiellement, tous ces Rwandais interpellés sont des « irréguliers », mais plusieurs abus ont été signalés, surtout dans les régions rurales, selon nos sources.
Réaction de Kigali : le porte-parole adjoint du gouvernement Alain Mukularinda a appelé les Rwandais à éviter un pays « où l'on ne veut pas de nous », dit-il tout en rassurant les Burundais vivant au Rwanda qu'ils pouvaient continuer à vaquer à leurs occupations, sans aucune crainte.