Un nouveau scandale de détournement secoue le Cameroun, impliquant non seulement des fonctionnaires, mais également des hommes d'affaires cupides, y compris des acteurs étrangers. L'enjeu ? Le détournement présumé de près de 8 milliards de Fcfa dans le cadre d'un don humanitaire de 200 000 tonnes de blé promis par le président russe Vladimir Poutine à six pays africains lors du sommet Russie-Afrique en juillet 2023.
La République Centrafricaine (RCA) a reçu 50 000 tonnes de ce don destiné à pallier l'instabilité politique et la pauvreté dans le pays. Cependant, dépourvue de capacité de transformation du blé en farine, la RCA a sollicité l'aide du Cameroun. Une correspondance entre les directeurs des douanes des deux pays, datée du 26 décembre 2023, a confirmé la vente des 50 000 tonnes de blé au Cameroun, exonérant la TVA sur le blé et la farine résultante.
Cependant, le Groupement des Industries Meunières du Cameroun (GIMC) s'indigne de cette situation. Il dénonce la vente du don étranger exonéré de TVA au Cameroun, alors que des subventions d'État visaient à soutenir les meuniers locaux et éviter une pénurie de farine. La SCC, Société des Céréales du Cameroun, acquiert ce blé centrafricain à un prix inférieur sur le marché mondial, générant un profit estimé à près de 8 milliards Fcfa.
Face à ce scandale, le ministre du Commerce camerounais, Luc Mbarga Atangana, intervient et demande au DG des douanes de contacter les Russes pour obtenir leur accord sur la vente du don de blé. Pendant ce temps, la SCC vend illicitement 50 000 tonnes de blé à une autre entreprise, BROLI, avec la complicité des douanes camerounaises.
Cette affaire révèle un détournement orchestré par des fonctionnaires des douanes en collusion avec des hommes d'affaires, mettant en péril un don humanitaire destiné aux populations d'un pays frère et ami en difficulté. En jeu, non seulement une somme colossale, mais aussi la confiance dans les autorités impliquées et la légitimité de l'aide humanitaire.