Cameroun: Crise foncière à Anguissa - Réhabilitation controversée d'un titre, familles menacées d'expulsion

15 Janvier 2024

De concert avec le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Henri Eyebe Ayissi, une partie du titre foncier n°3292/Mfoundi a été rétablie, suscitant l'indignation de la communauté urbaine de Yaoundé et mettant en péril des centaines de familles installées à Anguissa depuis plus de 50 ans. Cette décision, qui intervient suite au jugement n°133/2016/TA de Yaoundé, est contestée par le maire de la ville, Luc Messi Atangana, et soulève des interrogations quant à son impact sur le tissu social.

Pendant que les Camerounais se préparaient pour les festivités de fin d'année, des centaines de familles établies dans le quartier populaire d'Anguissa, relevant de l'arrondissement de Yaoundé IV, ont reçu une sommation de libérer les lieux. Cette directive, émise malgré la possession de titres de propriété légitimes, invoque l'annulation d'une partie du titre foncier n°3292/Mfoundi au profit de Jean Gabriel Effila Nna, conformément au jugement n°133/2016/TA de Yaoundé.

Le maire de Yaoundé, Luc Messi Atangana, a exprimé son indignation dans une lettre adressée au ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières. Il souligne le décret n°71/205/COR de 1971, qui attribuait à la communauté urbaine de Yaoundé quatre terrains domaniaux, incluant celui contesté à Anguissa. Cependant, l'arrêté n°000877/MINDAF/D121 de 2007 a déclaré la nullité du titre foncier n°1464/Mfoundi de la communauté urbaine au profit de Jean Gabriel Effila Nna.

Le maire souligne que le ministère a réhabilité le titre foncier de Jean Gabriel Effila Nna, malgré les attributions déjà faites par la communauté urbaine sur la parcelle. Face à l'urgence de la situation, il transmet une copie de la requête de M. Effila Nna au ministre pour une mesure appropriée.

Les familles menacées, regroupées sur une plateforme WhatsApp, cherchent des moyens de défendre leurs droits et éviter une situation similaire à celle des quartiers Dikolo et Bonangando à Douala, connus pour les conflits fonciers. Les membres du groupe dénoncent une machination visant à les spolier de leurs terres et maisons construites depuis plus de cinquante ans.

L'opinion publique s'interroge sur les motivations du ministre Henri Eyebe Ayissi à réhabiliter un titre foncier annulé depuis longtemps, sachant que cela peut entraîner des troubles sociaux. Certains suggèrent une influence politique en coulisse, soupçonnant une intervention depuis la présidence de la République.

Au fil des années, l'accès au droit de propriété au Cameroun devient un défi complexe. La corruption qui gangrène l'administration alimente une psychose chez ceux qui voient leurs droits de propriété légitimes remis en question, mettant en péril le vivre-ensemble et la cohésion sociale, des valeurs chères au président Paul Biya. La situation à Anguissa soulève des questions cruciales sur la nécessité de réformer les processus fonciers pour garantir une justice équitable et prévenir de futures crises.

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