Tunisie: Enseignement supérieur - Face au blocage, les docteurs au chômage revendiquent des solutions pérennes

15 Janvier 2024

Les mouvements de revendications se poursuivront déclarent les docteurs au chômage qui réclament le droit à des postes de travail stables et durables dans les établissements publics, les laboratoires de recherche...

Des propositions avaient été soumises au ministère de l'Enseignement supérieur portant notamment sur le recrutement de 3.000 docteurs dans l'Université publique, dans les laboratoires de recherche du ministère ou encore les laboratoires de recherche des différents départements.

Samedi dernier à Tunis, les mêmes scènes poignantes se sont encore une fois déroulées alors qu'un groupe de docteurs, diplômés et hautement qualifiés, se sont rassemblés dans une manifestation pour exprimer leur détresse face au chômage persistant. Le rassemblement renvoie à une tension émotionnelle palpable, qui reflète la frustration accumulée de ces docteurs qui, malgré leur expertise, se trouvent confrontés au chômage de longue durée dans un marché du travail difficile.

Leur mobilisation voulait non seulement attirer l'attention sur leur situation précaire, mais aussi à sensibiliser la société et les autorités à la nécessité d'investir dans leurs compétences pour créer des perspectives professionnelles. Cette manifestation a mis en lumière l'urgence d'actions concrètes pour résoudre cette problématique sociale devenue chronique. D'ailleurs, ils se sont adressés directement au Président de la République pour appeler à dépoussiérer leur dossier.

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Ce dossier, qui porte atteinte à l'image du pays, remonte à plusieurs années sans qu'une solution radicale soit trouvée pour mettre fin à la souffrance de cette élite. En Tunisie, selon des chiffres officiels, près de 69% des titulaires de doctorat sont au chômage. Leur principal défaut, la surqualification. Autant rappeler que le diplôme de docteur est rarement sollicité lors de l'ouverture de concours dans les établissements publics. Leur seule perspective reste donc l'enseignement supérieur, dont les recrutements sont gelés depuis plusieurs années.

De l'espoir dans l'air

Cependant, dernièrement, le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé l'ouverture de postes pour recruter près de 929 assistants dans les universités tunisiennes au titre de l'année 2020. Le ministère envisage également d'ouvrir 1.331 postes dans les universités publiques qui seront pourvus à travers les promotions et répartis sur 283 assistants universitaires, 669 maîtres de conférences et 379 enseignants universitaires.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Moncef Boukthir, a annoncé, lors des débats budgétaires en décembre dernier, que 920 docteurs seront recrutés en 2024 dont 800 par le ministère de l'Enseignement supérieur, selon les plans de recrutement programmés dans le cadre du budget de l'Etat pour l'année 2024.

Cette annonce n'a pas calmé les docteurs au chômage dont les revendications portent sur des réformes structurelles. A cet effet, Meriem Dziri, activiste de la coordination tunisienne des docteurs et doctorants au chômage, appelle à une régularisation totale et définitive de ce dossier loin de toute décision conjoncturelle. Elle précise que les docteurs appellent à la réouverture des sessions de recrutement annuelles interrompues depuis 2015, à cause de la situation économique du pays. «L'ouverture de ces postes annoncés par le département n'est que de la poudre aux yeux, car cette session intervient au titre de 2020 alors que nous sommes en 2024, à vrai dire, le recrutement dans l'enseignement supérieur est gelé depuis plusieurs années, sous prétexte de contraintes budgétaires, or nous avons présenté de nombreuses autres alternatives», explique-t-elle à La Presse.

Pour un recrutement direct

De même, elle prône une initiative législative pour régulariser le dossier des doctorants sans emploi, une fois pour toutes. «Cette initiative permettrait de fixer les modalités de recrutement direct des doctorants, sans concours, dans les structures de recherche et de formation dans les ministères et les établissements publics» a-t-elle encore proposé, ajoutant que les docteurs peuvent être recrutés par les établissements publics tels que les ministères au grade de maître-assistant, avec le même régime salarial, en vue de mener des projets de recherches, de consulting et d'expertise.

Meriem Dziri a déclaré que les mouvements de revendications se poursuivront pour défendre le droit à l'enseignement et l'intégration, rappelant que les doctorants sans emploi avaient effectué, au mois de novembre dernier, une marche pieds nus à partir de Sousse jusqu'à la capitale, des sit-in devant la présidence du gouvernement et l'Assemblée des représentants du peuple.

Selon la coordination en question, il existe entre 3.500 et 4.500 docteurs chômeurs en Tunisie, alors que durant les deux années à venir 13.750 docteurs devront s'ajouter pour aggraver une situation marquée par un blocage des recrutements.

Des propositions avaient été soumises au ministère de l'Enseignement supérieur portant notamment sur le recrutement de 3.000 docteurs dans l'Université publique, dans les laboratoires de recherche du ministère ou encore les laboratoires de recherche des différents départements. Sauf que le ministère avait suggéré lors de la dernière séance de négociation d'employer les docteurs sans emploi dans le cadre de contrats de deux ans, renouvelables. En effet, ce blocage persiste dans la mesure où le département de l'Enseignement supérieur pousse vers des projets de loi et d'initiatives législatives pour faciliter le recrutement des docteurs et doctorants chercheurs au sein de l'université publique dans le cadre de contrats à durée déterminée et notamment au sein des universités privées, ce que les différentes coordinations rejettent

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