En plus de la lutte résolument engagée contre les Groupes armés terroristes (GAT), le chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, entend ouvrir un autre front : celui de la traque contre la corruption et l'absentéisme dans l'Administration publique. Pas plus tard que la semaine dernière, il l'a rappelé au personnel de la Présidence et des services rattachés. « La lutte contre le terrorisme avance mais il faut reconnaître qu'il y a certains volets sur lesquels les choses n'ont pas avancé : c'est la corruption et la lenteur administrative », a-t-il laissé entendre. 2024 devrait donc être l'année de la traque des délinquants en col blanc tapis dans l'Administration publique et ceux qui ne voudraient pas subir l'ire présidentielle, doivent « faire la mission pour laquelle ils ont été recrutés ».
En attendant de voir comment va se mettre en oeuvre ce grand nettoyage, l'on peut déjà saluer cet engagement du Président de la Transition contre ces maux qui ont la peau dure au pays dit des Hommes intègres. Pour ne parler que de la corruption, les rapports successifs du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) ne cessent de rappeler la persistance du phénomène qui se manifeste sous des facettes multiples, depuis les dessous de table jusqu'au détournement à grande échelle, des ressources publiques. Et nul n'est besoin de rappeler les conséquences dévastatrices de ces pratiques.
La corruption pose un problème fondamental de développement
Car, non seulement, elles nuisent aux couches les plus pauvres de la société en augmentant les coûts et réduisent l'accès aux services sociaux de base. Mais aussi elles exacerbent les inégalités et réduisent les investissements. En un mot, la corruption pose un problème fondamental de développement et cela est d'autant plus vrai pour le Burkina Faso qui a besoin de toutes ses ressources financières pour mener la guerre contre le terrorisme. L'on comprend que le chef de guerre qu'est le chef de l'Etat, ne veuille donner aucune chance de prospérité à des individus qui confondent le Trésor public à leurs poches et ce, d'autant plus que l'histoire récente du Burkina montre un lien pernicieux entre la corruption et la lutte contre l'insécurité.
L'autre pan de la lutte annoncée par le chef de l'Etat, c'est la lutte contre l'absentéisme dans l'Administration publique qui, en plus d'être l'une des causes de la lenteur administrative tant décriée, entraine une baisse de la productivité et de ressources financières pour l'Etat. Il finit ainsi, tout comme la corruption, par causer un déficit de confiance entre l'Administration et ses usagers, entrainant des risques graves de crises sociales.
Cela dit, le capitaine Ibrahim Traoré n'est pas le seul chef de l'Etat burkinabè à avoir annoncé, tambour battant, la lutte contre la corruption et l'absentéisme. C'est pour cela que l'on attend de voir le maçon au pied du mur et ce d'autant que les mesures de lutte contre les fléaux incriminés, peuvent s'avérer très impopulaires. Car, elles peuvent vite prendre les apparences d'une chasse aux sorcières ou d'une traque aux opposants au régime. Le combat peut s'avérer d'autant plus délicat que les agents publics ne sont pas souvent les seuls responsables de la corruption. Les usagers de l'administration encouragent aussi le fléau. Cela dit, il faut craindre une fronde des populations elles-mêmes. D'où la nécessité d'y aller avec la pédagogie en maniant la carotte et le bâton. Mieux, il faut surtout profiter de toutes les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui ont fait leurs preuves sous d'autres cieux, dans la lutte contre la corruption en supprimant le contact physique entre les agents publics et les usagers de l'Administration.