Pendant qu'à l'orée de la nouvelle année, les nations formulent des vœux de paix, de progrès de cohésion sociale et d'entente parfaite avec leurs voisins, l'heure n'est pas à cet état d'esprit dans la Corne de l'Afrique. En effet, depuis que l'Ethiopie et le Somaliland, territoire qui a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991, ont annoncé avoir signé un accord-cadre prévoyant notamment, un accès à la mer Rouge aux Ethiopiens, le 1er janvier 2024, l'on assiste à un regain de tensions entre la Somalie et l'Ethiopie. La Somalie, qui ne reconnaît pas l'indépendance du Somaliland et voit d'un mauvais oeil cet accord, est vent debout contre son voisin.
Pour le chef de l'Etat somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, cet accord est une ingérence dans les affaires internes de son pays et porte atteinte à sa souveraineté. Par conséquent, pour rallier à sa cause les pays de la sous-région, il multiplie des actions diplomatiques dans la sous-région en guise de contre-offensive. Cette offensive l'a conduit respectivement en Erythrée et en Egypte, où, il a pu s'entretenir avec le chef de l'Etat érythréen, Issayas Afewerki et compte avoir un tête-à-tête avec le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.
De ces conclaves, selon le ministère de l'Information érythréen, les deux chefs d'Etat ont convenu « d'une coopération complémentaire dans la région, tout en s'abstenant de réagir à divers programmes provocateurs ». La Somalie est consciente que l'Egypte et l'Erythrée entretien-nent des relations tumultueuses avec l'Ethiopie et elle compte surfer sur ces vagues pour atteindre son objectif. L'Egypte est en froid avec l'Ethiopie en raison d'un barrage que construit Addis-Abeba sur le Nil.
Quant à l'Erythrée, elle ne s'est jamais réconciliée avec sa voisine, depuis son indépendance en 1993. De leurs côtés, les chefs d'états-majors de l'Ethiopie et du Somaliland se sont rencontrés à Addis-Abeba, pour parler « coopération militaire ». Ces derniers mois, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a employé une rhétorique dure sur le fait que son pays n'ait plus un accès à la mer depuis 30 ans, en évoquant même une intervention armée, ce qui a suscité l'inquiétude de ses voisins au point de dire à certains analystes que de réelles menaces planent sur cette partie du continent africain.
Il y a donc lieu de trouver au plus vite une solution avant que le pire ne se réalise. Djibouti a peut-être compris l'ampleur de la situation. Le ministère des Affaires étrangères djiboutien a publié un communiqué pour rappeler son « attachement à l'intégrité territoriale » de tous les membres de l'organisation régionale de la Corne de l'Afrique. Par la même occasion, Djibouti appelle les deux pays à trouver une solution à travers le dialogue. Vivement que cet appel soit entendu par les deux parties.