La CAN ivoirienne s'ouvre demain au stade Alassane-Ouattara d'Ebimpé, avec dans les starting-blocks, vingt-quatre équipes plus motivées les unes que les autres pour la conquête du graal continental. Le Burkina qui n'a pas fait mystère de ses ambitions lors du tournoi (seule la victoire sera belle) a vu son onze national analysé sous toutes les coutures ainsi que son coach, Hubert Velud, pris sous les fourches caudines des experts de tous bords, toutes choses qui ne saurait doucher notre optimisme, pour peu que ce dernier en dehors de ses qualités techniques et tactiques, s'élève au rang de mentaliste expert en psychologie et en manipulation d'esprit pour tirer toute la quintessence d'un groupe somme toute "convenable " et réaliser le rêve de tout un peuple.
Nous le disons parce que l'histoire du football (à commencer par l'épopée des Etalons lors des éliminatoires de la CAN 96 avec le maître Drissa Traoré dit Saboteur) nous enseigne que certains hommes à poigne et fins psychologues, ont su parfois déjouer les pronostics pour conduire leurs équipes à des sommets a priori hors de leur portée. Premier de cordée de ses "spirit men ", Vicente Feola et son Brésil de 1958, qui ne partait pas avec la faveur des bookmakers en raison de la puissance de la Hongrie de l'époque dont le centre-avant Ferenc Puskas dit le major galopant était redouté de tous.
Il a suffi au coach Feola de convaincre le "petit" Edson Arantes Do Nascimento dit Pelé qu'il pouvait devenir le prince du ballon rond lors du tournoi suédois en jouant naturellement comme il le faisait si bien au Santos FC, pour que le gamin nous sorte des matchs "d'enfer" notamment en finale face à la Suède, avec des petits ponts et des sombrero rentrés depuis dans l'histoire. On connaît la suite d'une carrière qui fera définitivement de lui O Rei de futebol (le roi du foot) avec trois titres de champion du monde à la clé.
Plus tard en 1974, seule la "science humaine" de Helmut Schôn aura permis à la République fédérale d'Allemagne de kaiser Franz qui vient de nous quitter de triompher des oranges mécaniques d'un Johan Cruyff alors au sommet de son art, avec des lieutenants aguerris comme Ruud Krol ou Johan Neeskens, même si le penchant de certains joueurs bataves pour les paradis artificiels y aura été aussi pour quelque chose. A leur décharge, nous vivions l'époque des hippies avec des stars comme Jimmy Hendrix, John Lennon, Bob Dylan et sa compagne Joan Baez qui prônaient "la liberté du corps et de l'esprit" au sortir d'une seconde guerre mondiale angoissante et en plein dans une guerre froide stressante.
Mais, c'est connu, "le one shot" n'a jamais favorisé les shoots cadrés pas plus que la constance dans l'effort. Autres mentalistes récents, Aimé Jacquet (en 98 avec la France ) et Fernando Santos (avec le Portugal en 2016) le premier ayant remis les clés de son "camion" à Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff en les persuadant qu'ils étaient plus forts que les stars confirmées comme Eric Cantona et Jean Pierre Papin laissés à quai, alors que le second a réussi l'exploit incommensurable de convaincre Eder, remplaçant du roi Ronaldo lors de la finale qu'il avait tous les moyens physiques et techniques pour faire autant sinon mieux que l'un des meilleurs joueurs de la planète.
Conséquences, Zidane a planté deux buts lors de la finale de 98 et Eder a offert le trophée européen à son pays à la 110e minute de la finale, plongeant Didier Deschamps dans un spleen qu'il traîne toujours. Velud dont nous n'avons jamais douté des qualités intrinsèques devra en sus faire donc preuve de perfection dans la gestion du mental de ses hommes dès leur première sortie face à la Mauritanie pour espérer inscrire son nom en lettres d'or dans l'histoire de notre football. Ses états de service maghrébins et sa connaissance du football seront ses premiers atouts pour ce faire. Comme quoi dans tous les segments de la vie, la confiance en soi et la détermination sont primordiales.