Comme ce patio est beau dans sa diversité chaotique ! Certains se tirent et se tiraillent avec une animosité épique D'autres rivalisent de cruauté dans l'arène fratricide du pire La survie de la maison en sursis tangue sous le vent des soupirs L'heure n'est plus à l'ère du digne austère qui se sacrifie à l'envi Le temps du torero solitaire est compté à chacun de ses pas sans vie D'hérétiques badauds se complaisent à honorer le taureau des horreurs Le héros sait qu'il peut mourir ; il ne se bat pas pour vivre sans honneur Il reçoit les coups de corne de l'animal enragé, la dragée est amère !
Les défis du moment transcendent les raisons du répit face à la Chimère Entre la patrie et la mort, il y a un sacrifice à consentir par la fratrie meurtrie Hélas, dans l'écurie de la même couvée fermente en furie le venin de l'incurie Il doit sortir indemne de l'arène, crie en boule sans conscience la foule insensée Non, il doit périr dans l'arène de son audace suicidaire, s'écrient les érudits sensés Le brouhaha est total, le tapage d'un autre âge, le monstre heurté respire encore Le héros transpire en regardant les sbires flirter avec les siens, sans remords Il n'a pas le droit à l'erreur, les vrais hommes ne se trompent jamais !
Il n'a pas besoin de soutien, un vrai matador affronte sa mort à deux mains ! Laissez-le se battre seul avec l'ennemi jusqu'à l'anémie, c'est sa guerre ! Mais il n'y a guère de victoire dans une tour d'ivoire bâtie dans la guéguerre ! Face à l'imbroglio le torero joue le héros en solo en donnant des coups partout ! Face aux piques lancées par ses contempteurs, il s'arc-boute et reste debout ! Même à mains nues il est déterminé à terrasser le taureau sans coup férir ! Car l'arène du patio est le seul lopin de dignité à reconquérir quitte à périr !