Depuis soixante-douze heures, la communauté humaine a fait un saut dans la marche du temps en entrant dans une nouvelle année. Sûrement avec des ambitions nouvelles, des voeux pieux. Passé donc les moments euphoriques, il faudra affronter la réalité de la vie qui se présente souvent implacable quand nous-mêmes nous ne sommes pas acteurs premiers. La question restera toujours la même.
Comment composter ces souhaits positifs et en faire des succès quand souvent, le fil Ariane dépend plus des autres, ou d'une communauté multiforme aux intérêts qui s'entrechoquent ? Avons-nous simplement la volonté à aller vers cette quintessence de paix, de succès ? Il y a lieu parfois d'en douter. Mais dans tous les cas, il nous faut opérer un choix, dans une vision où le plus grand nombre trouvera ses intérêts à sauvegarder. Encore une fois, cela ne sera possible que si chacun joue sa partition en s'oubliant pour la communauté.
Ces voeux depuis une décennie n'ont pas changé au Burkina remplaçant des voeux de « beaucoup d'argent », en beaucoup de paix. Déjà en changeant le paradigme, en décrétant un effort de paix en lieu et place de guerre, le pays illustre ce qui a toujours été sa volonté. Vivre en harmonie interne et avec les voisins, mais convaincu que cette harmonie ne se gagnera pas tant que les familles seront des volcans prêts à exploser pour un oui ou pour un non. Alors comment gagner cette paix ?
Comme la nouvelle corde qui a besoin de s'arrimer à une vieille corde pour prolonger la ficelle, les Burkinabè ne devront pas espérer une année 2024 qui s'illuminera avec tant de réussites sans fondements. Autrement, tout est mis en place pour que le pays des Hommes intègres retrouve son train habituel. En regardant les derniers instants de l'année qui vient de s'achever, on comprend bien que celle qui vient de débuter nous offre toutes les chances de prospérer et de voir enfin le bout du tunnel.
Mais attention, ce bout du tunnel, comme la corde, ne débouchera pas sur un eldorado si nous ne retroussons pas les manches. Parce que là aussi, le plus dur pourra commencer. Il faut bâtir un monde de paix, sans rancune, il faut revoir bien de secteurs déjà porteurs. Il y a cette économie à redorer avec les poses de première pierre sur des projets structurants. Il y a cette volonté affichée de gagner des combats dont celui de la souveraineté.
Un changement obligatoire quand la guerre nous a imposé à changer la maxime de « la route du développement passe par le développement de la route ». Pas inexact, mais il faudra aussi désormais atténuer en reconnaissant que la route du développement passe par une sécurité assouvie. Au Burkina, en cette année 2024, c'est bien la consolidation des résultats sécuritaires qui, depuis, ont connu un regain favorable.
Les Burkinabè se mettent donc à rêver d'un pays entièrement débarrassé de l'hydre terroriste. Un pays qui retrouvera sa gaité et son charme. Ils savent que cela passe par une mobilisation autour de l'essentiel qui peut se résumer à une cohésion. Ce d'autant que cette année sera particulière par le fait que des sillons sont ouverts pour concourir à un seul résultat : remettre le pied à l'étrier et travailler comme jamais. Si ce voeu aboutit, une autre question sera posée au regard de nombre de chantiers.
Mais il sera illusoire de penser que le pays sera comme avant dans l'immédiat. L'orientation prise, il faut que nous l'acceptions tous. En pensant à une formule légendaire. On ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs. On ne gagne pas tous les paris, tous les défis qui vont s'imposer à nous, sans accepter de transpirer. Ce sera notre contribution à l'édification d'un Burkina de paix, résolument tourné vers le développement.
Les chantiers seront donc immenses à la fois sur le plan national que sous régional. La nouvelle donne politique avec l'Alliance des Etats du Sahel est un véritable challenge. Bien d'observateurs ont les yeux tournés vers ces trois pays, Burkina-Mali-Niger. Pas forcément pour les mêmes raisons. C'est à nous d'avancer avec assurance. Bonne année 2024 !