Madagascar: La révolution politique menée par la Famille d'Andafiavaratra

Quand Andrianampoinimerina tourne le dos en 1810, sa succession renforce l'affaiblissement du droit d'aînesse et droit du fils de la femme principale à succéder à son père (G. Lejamble, lire précédentes Notes). En outre, d'autres règles sont transgressées : un seul fils est désigné en premier, Radama Ier, et une nièce utérine (ou adoptive) en dernier, la princesse Ramavo.

Par la suite, Rakotobe, fils de la soeur aînée de Radama Ier, prétend au trône. «Il en avait sans doute quelque droit puisqu'il avait été supprimé », le jour même de l'accession de la princesse Ramavo sous le nom de Ranavalona Ire, femme principale de Radama Ier.

De plus, une fille de ce dernier, Raketaka, est présentée par les contemporains comme ayant été désignée par le roi pour lui succéder. « D'ailleurs, le fait même que l'on ait éprouvé le besoin, au Palais, le 1er août 1828, quatre jours après la mort du roi, de débattre de ses dernières volontés, montre l'affaiblissement des traditions. Selon celles-ci, en effet, il n'avait aucun droit à désigner son successeur. » De plus en plus, « l'opportunité politique et l'ambition prennent le pas ». Le successeur de Radama, « selon les sources les plus sûres », devait être un enfant de Ramavo et, à défaut, elle-même. Aussi est-il logique que, lorsqu'elle tourne le dos à son tour, son fils lui succède, même s'il n'est pas celui de Radama.

%

Mais si la tradition est respectée jusque-là, tant bien que mal il est vrai, l'assassinat de Radama II, en mai 1863, marque une rupture et l'instauration d'un système nouveau ». C'est ainsi qu'apparaît le « régime d'Andafiavaratra ». La famille de Rainiharo, appelée aussi « ceux d'Andafiavaratra », dirige le coup d'État de mai 1863 et entend conserver le pouvoir tout en maintenant la « fiction du trône ».

Le régime d'Andafiavaratra, notons-le, fait référence au palais que la famille érige sur un terrain donné à Andriantsilavo par Andrianampoinimerina, «sur l'emplacement de la résidence de leur ancêtre Andriampirokana, chassé par Andrianjaka au début du XVIIe siècle». Rainiharo, fils d'Andriantsilavo, est le Premier ministre de Ranavalona Ire.

Rainivoninahitriniony ou Raharo (d'où le nom de son père) met par la suite sur le trône, la princesse Rabodo (Rasoherina), femme secondaire de Radama II, selon les voeux, semble-t-il, de Ranavalona Ire. « Mais là s'arrête l'analogie avec les successions précédentes ».

C'est « une véritable révolution politique » qu'instaure le Premier ministre. « Désormais, le pouvoir royal est contrôlé par les Grands. » Et en vertu de la règle établie par Ranavalona Ire, Rasoherina prend pour époux le Premier ministre. Cependant, les rôles semblent inversés, car « la réalité du pouvoir appartient à ce dernier qui, par la suite, désignera les reines successives ».

C'est ainsi que pour remplacer Rasoherina, en avril 1868, Rainilaiarivony qui, auparavant, fait déchoir son frère Rainivoninahitriniony, se réfère à un souhait émis par Andrianampoinimerina de voir les souverains choisis dans la descendance de ses nièces utérines, Rabodonandriantompo (mère de Ranavalona Ire) et Ratavanandriana.

Le choix est très large. Il désigne finalement la princesse Ramoma (Ranavalona II) qui est la femme principale de Radama II, « en raison de sa personnalité qui risquait d'en faire une ennemie s'il l'écartait ». Comme quoi, la raison d'État prédomine toujours !

De même, le choix de la princesse Razafindrahety pour succéder à Ranavalona II, en juillet 1883, bien qu'il soit présenté comme étant celui de la défunte, relève plutôt « de l'opportunité personnelle du Premier ministre ».

Dans tous les cas, le voeu d'Andrianampoinimerina de voir le trône revenir à une descendante de Rasoherimananitany, sa grand-mère maternelle, est plus ou moins respecté :

« Tant que les descendants de Rasoherina et de Ralesoka règneront sur ce pays... » Mais la descendance de Ralesoka s'éteint avec Radama II qui ne laisse pas d'héritier apte à transmettre la couronne.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.