Le 3 janvier 2024, sur cycloneoi.com, «source d'informations cycloniques et allié météo» : «pas de répit pour la grande île. Malgré la fin de la séquence Alvaro, les orages sont toujours de la partie. Jeudi, le risque orageux concerne notamment le Nord, l'Est et le Centre. Vendredi, l'activité s'étend à une grande partie du territoire». Le 4 janvier 2024 : «Madagascar, encore et toujours des averses orageuses dans l'après-midi. Il n'y a que sur le Sud que le risque pluvieux est faible».
Les «gens des villes» peuvent se plaindre de la pluie à la sortie des bureaux. Pour les «gens des villes», pour peu que l'eau vienne à se tarir au robinet, la Jirama ne prévoit-elle d'ailleurs pas déjà une tournée de camion-citerne ? Mais, comme dans «L'eau des collines» de Marcel Pagnol, les «gens de la campagne» préfèrent l'eau d'une fontaine à l'eau d'une citerne. Et combien sont-ils, à chaque saison d'étiage, à scruter la baisse du niveau des puits ? Pour s'alimenter, la nappe phréatique aura toujours plus besoin d'orages et d'averses que de «beau temps».
S'il fallait un «temps touristique» toute l'année, il n'y aurait tout simplement plus de saison pour l'agriculture. Dans le Grand Sud de Madagascar, les histoires continuelles de sécheresse permanente poussent des populations entières sur le chemin de l'exode. Mine de rien, cette migration interne est le fait de véritables réfugiés climatiques sans qu'on s'en rende toujours compte. Et ces déplacements causent déjà moult problèmes de cohabitation, dont la politique n'a pas encore saisi l'ampleur ni l'enjeu et les conséquences.
D'après Le Robert, une utopie serait d'abord «un idéal qui ne tient pas compte de la réalité». Ensuite seulement «un projet qui parait irréalisable». Mais, on a bien réalisé le canal de Suez (193 km) et le canal du Panama (80 km). Des projets fous bien plus pharaoniques que le percement des isthmes pour créer le canal des Pangalanes (ampangalana). Amener de l'eau vers le Sud, en dépit d'une ligne de partage des eaux qui les fait couler vers l'Océan Indien (Est), ou les oriente vers le canal de Mozambique (Ouest).
Didier Ratsiraka avait rêvé de «l'Autoroute de la Concorde», reliant Antseranana à Tolagnaro en passant par Antananarivo. Un «Aqueduc de la Solidarité» serait plus vital. Si tant est que la topographie le permette, personne n'objecterait que, d'une contrée comme l'Imerina, pays du Vakiniadiana et du Vakinisahasarotra, du Vakinisisaony comme du Vakinimananara, du nom de tant de rivières éponymes, un peu de son eau soit dérivée pour alimenter un Nil artificiel à destination du Grand Sud malgache.
La dépression d'Ivohibe, un couloir naturel encaissé entre, d'une part, Vangaindrano ou Farafangana, et d'autre part, Ihosy expliquerait les liens entre Antesaka et Sakalava. Via cette dépression, une rivière artificielle, sur les traces de l'histoire, pourrait acheminer le trop-plein d'eau dans le Sud-Est pour humecter tout le pays au Sud du Tropique du Capricorne.
Conjurer l'orientation de l'épine dorsale des hautes terres. De part et d'autre de la ligne de partage Est-Ouest des eaux, percer des canaux Nord-Sud de convergence des rivières. Ainsi alimenté, l'Aqueduc de la Solidarité fonctionnerait en cercle vertueux avec un autre «Grand Rêve» : celui d'un corridor forestier à cheval sur le Tropique du Capricorne pour transformer les dunes de sable en rizières et champs de bananiers ou réservoir de tubercules.
