Ile Maurice: À St-Jean chez la famille Junglee - «Nou finn tir tomb ek lezo dan nou lakaz»

Le cyclone Belal est passé mais ne nous a pas laissés sans sequelles. En effet, hier après l'enlèvement de l'alerte cyclonique dans l'après-midi, c'était le moment pour les citoyens d'établir un constat, accablant pour certains car ils ont tout perdu : voiture, denrées alimentaires, meubles... Un patrimoine que certains ont mis des années à bâtir est parti en fumée. La nature a repris ses droits dans certaines régions et Belal, bien qu'il ne nous ait pas directement touchés, a fait beaucoup de vastes dégâts.

À l'arrière du cimetière de St-Jean, ça sent la mort, le chaos. Pour cause, chez la famille Junglee, c'est la catastrophe Vayid Junglee. propriétaire de Collevile boutique, a vécu le pire. Le pan du mur à l'arrière du cimetière a cédé. L'eau a envahi sa maison et sa boutique. Il a tout perdu. Sa boutique est digne du décor d'un film d'horreur. «Je compte dans plus de Rs 3,5 millions de perte. Parce que les autorités n'ont rien voulu entendre. En tant qu'habitants de la région, nous avons plusieurs fois demandé une rencontre avec les autorités, ministres concernés, Tania Diolle et Kavy Ramano. Ils ne nous ont jamais écoutés. Regardez aujourd'hui. Mes enfants ont vu la mort de près. J'ai tout perdu. Je dois tout recommencer à zéro. Je ne sais plus quoi faire», déplore-t-il, en regardant ses enfants ramasser les produits endommagés dans des couvertures. La nuit a été longue pour eux.

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«Gramatin nou'nn levé, nou'nn tir tomb dan lakour. Lezo dan lakaz. Pa koné sipa lezo dimounn sa ek enn ta fler. Zot pa ekouté akoz sa nou koumsa zordi.» La tombe qui a atterri dans la cour de la famille Junglee a été enlevé par un homme qui a voulu garder l'anonymat. C'est la tombe de sa mère.

Asmet Junglee est pour sa part sapeur-pompier. Secourir des gens, c'est son métier. Il n'aurait jamais cru qu'il devrait utiliser son savoir-faire pour sauver sa famille et sa vie. «Je vis ici depuis plus de 20 ans. Je n'ai jamais vu une telle chose. J'ai vu l'eau envahir ma maison, ma cuisine et la chambre à coucher. Pas une seule pièce de la maison n'a été épargnée. J'ai perdu 20 ans de sacrifices. J'ai perdu ma voiture. Heureusement que mes amis, collègues et voisins m'ont aidé.»

Comme lui, d'autres habitants de la région sont catégoriques. Les bidons d'eau placés pour soutenir le mur du cimetière n'ont pas été efficaces. «Fer komik ar nou. Vinn fer kanpagn, to geté aster. Nou pou azir», déplorent les habitants. Le leader de l'opposition Xavier Luc Duval est du même avis. «Ce scénario aurait pu être évité. Le projet de métro est à blâmer et aujourd'hui, les gens pleurent des pertes matérielles», déplore Xavier-Luc Duval. Même son de cloche pour Bruneau Laurette, présent. Il demande la démission du gouvernement. Dooshiant Ramluckhun, maire de Quatre-Bornes, n'a pas hésité à venir sur le terrain pour assister aux travaux menés par la police. Pourquoi le plan de soutien du mur n'a-t-il pas fonctionné ? «On a écouté les ingénieurs. On leur a fait confiance. Maintenant, on travaille pour rétablir la situation», explique ce dernier.

Port-Louis, front d'eau-rdures...

12 h 45. Une scène désolante s'offre à nous au Port-Louis Waterfront. Le passage de Belal la veille n'a pas été sans dégâts. Les vagues démontées qui se sont écrasées sur la jetée du Caudan ont ramené toutes les ordures de la mer sur la terre ferme. De vieux pneus, une vieille télé, des bouteilles en plastique, des branches... Ces ordures étaient ici et là au Caudan Waterfront et même sur les rails du métro qui avait cessé ses opérations. Les ordures ont aussi envahi les restaurants et bars qui se trouvent en bord de mer, endommageant même les baies vitrées. La scène est chaotique. Daniel, un sans-domicile fixe qui circule souvent dans les rues de la capitale, est venu, avec ses amis, chercher la perle rare. «Ena bann ti zafer ki nou kapav gagné. Lavey nounn gagn komision. Pa apel kokin sa, nou pé pran dan lanatir», précise ce dernier.

Rue La Poudrière : plus d'une centaine de voitures remorquées

Elle s'attèle à la tâche depuis lundi. La towing unit de la police a eu fort à faire depuis le passage de Belal pour débloquer la rue La Chaussée et la rue La Poudrière. Les voitures étaient entassées et depuis lundi soir, les remorqueurs se sont succédé. Nilesh, chauffeur de la towing unit, se confie : «Ce métier est compliqué, mais nous avons pris l'engagement de le faire. Nous devons bien le faire. Quand on quitte notre maison dans ce genre de conditions, on ne sait pas à quelle heure on va rentrer. Mais la famille se montre compréhensible avec le temps. Elle ont a que ce métier est imprévisible.» En effet, comme lui, plus d'une cinquantaine d'officiers se sont mobilisés pour rendre ses lettres de noblesse à Port-Louis.

Les propriétaires des voitures endommagées sont invités à se rendre aux Casernes centrales pour les démarches après que les analyses soient faites. À côté de Stratton Court, Belinda pleure. L'eau a envahi sa maison, lundi, montant au niveau de son cou et endommageant tout sur son passage, dont télévision, meubles et denrées alimentaires. «Depi sa gouvernma-la inn vini, nanié pann fer. 2013 finn ariv sa. Ki leson nou'nn retenir? Belal pir ki 2013. Mo pa koné ki mo pou fer akoz enn bann inkonpetan», pleure cette mère de famille qui vit dans cette maison dans la capitale depuis plus de 20 ans. «Voilà 11 ans que je suis sur la liste d'attente pour avoir une maison de la NHDC.»

Le Sud Se remet doucement

Dans le sud de l'île, notamment à Britannia, plusieurs arbres ont cédé face à la force du vent. Batimarais, Rivière-des-Anguilles, Tyack, Surinam et Gris-Gris : ces endroits du sud ont aussi été les victimes de Belal. La police et la Special Mobile Force ont eu fort à faire pour rétablir la situation et essayer de nous faire oublier un certain Belal, qui pour beaucoup sera dur à oublier.

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