Afrique: Présidentielle au Sénégal - Fatick, fief imprenable de la majorité?

Le 25 février prochain, le Sénégal ira aux urnes pour choisir un nouveau président de la République. D'ici là, RFI sillonne le pays pour voir comment cette élection se joue sur le terrain. Première étape : la ville de Fatick, sur les terres du président sortant Macky Sall, qui ne se représente pas. Dans ce fief de la majorité présidentielle, d'autres candidats espèrent pouvoir percer, qu'ils soient dissidents ou d'opposition.

C'est ici que l'actuel chef de l'État est né et qu'il a grandi. Fatick a été le point de départ de sa carrière politique. Fatick est son fief. L'hôtel de ville que Macky Sall a occupé en tant que maire de 2009 à 2012 trône au bout d'une longue avenue. Cette région de plus de 900 000 habitants a voté pour lui à 80% lors de la dernière élection présidentielle de 2019.

La région de Fatick est une région rurale qui vit principalement de la culture du mil, du niébé et de l'arachide, mais aussi de l'élevage. Du côté du département de Foundiougne et du delta du Sine Saloum, il y a aussi la pêche et le tourisme. Mais le taux de chômage reste très élevé - près de 30 %, face à l'absence d'usines.

Alors les habitants essaient de se débrouiller pour assurer la dépense quotidienne. Par exemple, Ahmed, un jeune de 22 ans rencontré à la gare routière, explique qu'il essaie de passer son permis pour devenir chauffeur. Mais cela coûte trop cher, beaucoup de jeunes préfèrent conduire une mototaxi.

De nombreuses attentes

Depuis 2012, la région a évolué avec la construction de nouvelles infrastructures, comme des routes, des collèges et des lycées, la généralisation de l'électricité dans les zones rurales ou le pont de Foundiougne, long de plus d'un kilomètre et demi. Les populations placent aussi beaucoup d'espoir dans l'ouverture de l'université de Fatick et dans la construction du port et terminal d'hydrocarbure de Ndakhonga.

À l'issue de ce second mandat, les habitants de Fatick gardent en mémoire ces réalisations. Diène Diouf, un conseiller municipal, estime que le vote pour Amadou Ba, le candidat du camp au pouvoir, n'ira pas forcément de soi. « S'ils considèrent que c'est gagné-gagné, que c'est la ville du président et qu'ils se mettent à dormir, la surprise sera très grande, avance-t-il. Mais je sais qu'ils pensent à tout ça et qu'ils iront vers la population pour lui parler. » Les habitants ont beaucoup d'attentes en termes d'emplois, surtout pour les jeunes. Ils attendent aussi des mesures pour améliorer la productivité agricole et la transformation des produits.

L'opposition tente de percer à Fatick en s'appuyant sur ces attentes. Lors des législatives de 2022, la coalition de l'opposition Yewwi Askan Wi a réussi à monter en puissance et obtenu 20% des voix. « Fatick fait partie des régions les plus pauvres, là où le taux de chômage est le plus élevé, explique Mamadou Ba Faty, le responsable de la communication dans la localité du parti dissous Pastef. Les gens ne peuvent être que déçus de la gestion de Macky Sall. »

Divisions au sein du camp présidentiel

Il y a également un enjeu politique autour de l'unité de la majorité présidentielle dans cette région. En 2022, la candidature de Matar Ba, ancien ministre des Sports, aux élections municipales avait provoqué des divisions au sein de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar. Des frondeurs avaient créé une liste parallèle.

Cette année, c'est au tour de l'ancien premier ministre Boun Abdallah Dione, lui aussi issu de cette région et plus précisément du département de Gossas, de faire candidature à part. Oumar Sène, qui fait partie de sa coalition, déplore un bilan insuffisant de la majorité présidentielle : « , on est dans le propre fief du président de la République... mais les infrastructures ne suffisent pas. L'impact concernant l'emploi des jeunes, ça manque ».

Reste à savoir si Amadou Ba, le candidat du camp au pouvoir, saura rassembler et convaincre la population locale, fidèle à Macky Sall, l'enfant du pays.

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