Le 15 décembre 2023, les Forces de soutien rapide (RSF), opposées au gouvernement de Khartoum, ont lancé une attaque contre Wad Madani, au Soudan, et ont pris le contrôle de plusieurs autres villes et zones de l'État d'Al-Jazirah en quelques jours. Plus d'un demi-million de personnes ont fui les combats et l'insécurité. Les équipes MSF ont été contraintes de suspendre leurs activités dans la zone dès le 19 décembre.
Les équipes MSF avaient commencé à travailler à Wad Madani, une ville située à environ 170 kilomètres de Khartoum, la capitale du Soudan, en mai 2023. Près de 500 000 personnes avaient trouvé refuge dans la région.
« La population avait augmenté de 30 % et les prix des biens avaient considérablement augmenté. Les établissements de santé étaient débordés et devaient faire face à des problèmes d'approvisionnement et de personnel considérables, explique Slaymen Ammar, coordinateur médical MSF pour le Soudan. Aujourd'hui, avec le départ de la plupart des organisations internationales, et malgré les efforts des agents de santé bénévoles locaux, nous ne pouvons que supposer que la situation s'est aggravée. »
Entre mai et novembre 2023, les équipes MSF ont effectué 18 390 consultations médicales, dont 40 % auprès d'enfants de moins de 15 ans dans plusieurs sites accueillant des personnes déplacées à travers l'État, certains localisés dans des écoles ou d'anciens bâtiments publics.
De nouveau déplacés
Au cours du mois dernier, les équipes MSF présentes dans les États de Gedaref et de Kassala, où MSF est opérationnelle depuis 2021 en réponse à la crise du Tigré éthiopien, ont été témoins de l'arrivée de milliers de personnes en provenance de Wad Madani. À Tanideba, dans l'État de Gedaref, MSF a lancé une intervention d'urgence pour les nouveaux déplacés, comprenant des soins de santé primaire, un accès à l'eau et à l'assainissement, ainsi que des rations alimentaires.
« Nous sommes originaires du Darfour. Nous avons d'abord fui vers Khartoum, en raison des violents affrontements qui avaient lieu dans notre région. À Khartoum, les combats étaient violents, et mon fils a été grièvement blessé lors d'une explosion. Nous avons ensuite rejoint Wad Madani et nous sommes encore obligés de fuir à cause des affrontements... », explique Salem, arrivé avec sa famille dans l'État de Gedaref, il y a deux semaines.
« Les déplacés du site de Kassala nous ont expliqué qu'ils n'avaient reçu aucune aide depuis leur arrivée mi-décembre, explique Pauline Lenglart, coordinatrice d'urgence MSF au Soudan. L'accès aux soins de santé est encore très restreint, il existe peu d'établissements médicaux fonctionnels et les médicaments ne sont pas fournis gratuitement. De nombreuses personnes nous ont dit qu'elles n'avaient pas les moyens d'acheter de la nourriture ou des médicaments. L'équipe MSF évalue constamment les besoins sur les nouveaux sites qui s'ouvrent pour accueillir des personnes récemment déplacées. Dans tous ces endroits, nous constatons que l'aide humanitaire fournie est encore malheureusement insuffisante pour répondre aux besoins fondamentaux de ces personnes et leur garantir des conditions de vie décentes. »