Cameroun: Affaire Martinez Zogo - Un 1 an, 3 juges d'instruction et 0 procès

Tribunal - Maillet de justice
analyse

Un an et trois juges d'instruction après, c'est toujours un voile opaque qui entoure la mort de Martinez Zogo, de son vrai nom Arsène Salomon Mbani Zogo.

Après que ce dernier a été enlevé le 17 janvier 2023, alors qu'il rentrait chez lui, son corps a été retrouvé à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé cinq jours plus tard, entièrement nu et portant des traces de sévices. C'était le début de l'affaire Zogo, alors journaliste à Amplitude FM où chaque matin dans son émission Embouteillages il dézinguait littéralement les hommes publics dont il brocardait les faits et surtout les méfaits, notamment les détournements.

C'est peu donc de dire que tout au long de ces années d'activité, il s'est fait un paquet d'ennemis qui n'auraient pas hésité à le faire taire définitivement.

Très vite, la piste des enquêteurs va d'ailleurs les conduire vers l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, dit «AB», et le chef de la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE), le commissaire-divisionnaire Léopold Maxime Eko Eko. Les deux pontes ainsi qu'une vingtaine d'autres suspects seront entendus, inculpés puis déposés à la prison de Kondengui à Yaoundé.

Pour autant, on ne peut pas dire que le dossier Zogo est particulièrement lancé ; bien au contraire. Il a semblé marquer le pas surtout avec l'affaire de la vraie-fausse libération provisoire des deux huiles ci-dessus citées. Le 1er décembre 2023 en effet, une ordonnance de mise en liberté qui a circulé sur les réseaux sociaux annonçait leur libération provisoire avant que, quelques heures plus tard, un document signé par le même juge d'instruction du tribunal militaire de Yaoundé vienne nier l'authenticité de l'ordonnance de mise en liberté.

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C'est sur ces entrefaites que le troisième juge d'instruction à connaître du dossier, le colonel Pierrot Narcisse Ndzie, a été nommé le 19 décembre dernier. Très rapidement, le même jour, il a entendu et inculpé le maire de la commune de Bibey, Martin Stéphane Savom, qui est venu grossir les rangs des présumés auteurs, complices et commanditaires de l'assassinat du journaliste.

On en est donc là douze mois après, sans qu'on puisse savoir véritablement quand l'instruction sera bouclée, à plus forte raison quand aura lieu un procès pour que les proches et les collègues du supplicié sachent ce qui s'est passé pour pouvoir faire le deuil, cela d'autant plus que le corps de notre confrère est toujours sous scellés à la morgue.

L'autre question qu'on ne peut manquer de se poser, c'est de savoir s'il y a éventuellement une connexion politique dans cette affaire.

Quoi qu'il en soit, si des personnalités de premier plan comme l'opérateur économique et l'ex-patron des espions camerounais sont effectivement mouillées dans ce dossier, c'est qu'à tout le moins, l'environnement politique est favorable à ce genre de situation, quand bien même il serait hasardeux de voir la main du pouvoir camerounais dans cette histoire.

Mais dans l'espèce de démocrature qu'est le Cameroun depuis très longtemps avec un monarque à sa tête depuis maintenant quatre décennies, il n'y aurait rien d'étonnant si certains responsables pensent avoir droit de vie et de mort sur des citoyens qu'ils considèrent comme leurs sujets.

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