Congo-Kinshasa: Kinshasa - Près de 10 fois plus de détenus à Makala

Une vue du bâtiment abritant la salle d'audience à la prison centrale de Makala à Kinshasa.
17 Janvier 2024

Construite pour une capacité de 1.500 détenus, la prison centrale de Makala, à Kinshasa, compte actuellement environ13.600 détenus.

La surpopulation carcérale de Makala est hélas identique à celle des 208 prisons que compte l'ensemble de la République démocratique du Congo.

A la prison centrale de Makala, la gestion des détenus se fait par binôme entre l'administration pénitentiaire et les détenus eux-mêmes. On parle du système " liso likolo ya liso" qui veut dire en lingala "un oeil pour en superviser un autre".

Par jour, on y cuisine, pour les détenus, environ 68 sacs de riz et 24 sacs de haricots. Mais les conditions à l'intérieur restent extrêmement précaires et rudes pour.

Ceux qui ne sont pas logés dans les "pavillons VIP" sont parfois entassés à 250 dans une pièce de moins de 20 mètres carrés sans air conditionné ni ventilateur.

Pour survivre, certains détenus font des petits boulots en échange de nourriture.

Le système carcéral en RDC est régi par des textes fondamentaux comme la Constitution, ainsi que des ordonnances sur les attributions des ministères.

Mais Lydia Masika, directrice des services pénitentiaires au ministère de la Justice, rappelle que le principal problème reste la quantité importante de détenus en détention préventive.

"La surpopulation carcérale a plusieurs facteurs. Le plus grand facteur est lié aux longues procédures judiciaires. Il y a très peu de magistrats pour pouvoir dire le droit. Cela a été déploré plusieurs fois. On estime qu'avec les nouvelles affectations, avec les nouvelles nominations, on pourra pallier ce souci. A la prison centrale de Makala par exemple, nous avons plus de 60 % des détenus en détention préventive, ils ne sont pas fixés sur leur sort, ils sont presque abandonnés. On se demande parfois qu'est-ce qui se passe, pourquoi est-ce qu'on ne leur rend pas justice, pourquoi ne dit-on pas le droit pour qu'ils soient fixés sur leur sort ? "

Conditions précaires de détention

Au sein de la prison de Makala, il y a des pavillons pour les hommes et pour les femmes, dont certaines sont détenues avec des enfants dont l'âge maximum autorisé est de cinq ans. Il y a aussi des nouveau-nés. On compte également un pavillon pour les mineurs.

Quand une femme enceinte doit accoucher, elle quitte la prison sous escorte jusqu'à l'hôpital. Une fois que l'enfant est né, elle retourne en prison, où il lui est souvent difficile d'avoir de quoi se nourrir pour favoriser la montée de lait ou encore nourrir son enfant. Certains enfants manquent même de couches.

Dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme contre, l'organisation Ius Stella a lancé une campagne de sensibilisation sur les droits des femmes détenues. Jessica Ilunga est l'une des fondatrices de cette structure.

"La majorité des femmes que l'on rencontre à la prison de Makala sont des femmes incarcérées pour des faits mineurs et souvent qui ne nécessitent pas plus de six mois de prison. Il y en a d'autres qui sont condamnées, parfois pour des amendes, mais n'ayant pas d'argent pour payer cette amende, on les envoie en prison. Il y a par exemple le cas de femmes qui étaient emprisonnées depuis plusieurs mois, voire une année, sans aucun acte de procédure. Et donc, le rôle des avocats avec lesquels nous travaillons est de revoir les dossiers pour les régulariser afin de s'assurer que chaque femme bénéficie d'un traitement juste et équitable. "

Construire de nouveaux complexes pour désengorger les prisons

Ces irrégularités au niveau des dossiers ont également été pointées par Lydia Masika, la directrice des services pénitentiaires.

"Nous revenons souvent sur les irrégularités de la détention." Ce sont des situations que nous déplorons régulièrement. Dernièrement, j'ai vu la lettre du directeur de l'établissement de Makala qui se plaignait de cet état des choses. On ne le dira jamais assez : c'est un problème sérieux. Il faut qu'à un certain moment, les autorités judiciaires se regardent en face, fassent un examen de conscience, parce que les personnes qui sont dans cette situation sont nos semblables. On devrait ne fut-ce que respecter les normes et les délais de régularisation de la détention. "

La plupart des personnes contactées sont toutes revenues sur le problème de la surpopulation carcérale, en insistant pour que des mécanismes soient mis en place pour désengorger les prisons.

Des solutions qui passent aussi par la construction de nouveaux établissements pénitentiaires, que ce soit dans la capitale ou dans les provinces.

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