Cote d'Ivoire: Plusieurs cultures vivrières interdites à l'export

Alors que la Coupe d'Afrique des Nations bat son plein, le pays hôte, la Côte d'Ivoire, a annoncé une mesure économique surprise : depuis cette semaine, les producteurs de produits vivriers ne peuvent plus exporter librement leurs marchandises.

C'est écrit noir sur blanc : en tout, une liste de vingt produits ne doivent plus quitter le sol ivoirien sans autorisation, sous peine de sanctions.

On parle donc du manioc, de l'igname, du maïs, du riz... Les producteurs de ces denrées vivrières, entre autres, doivent maintenant obtenir l'autorisation préalable auprès du gouvernement. Et ce, pendant six mois, à compter de lundi 15 janvier.

La raison invoquées par les autorités, que l'on peut consulter sur l'avis publié sur le site du gouvernement : « assurer un approvisionnement régulier des marchés en produits vivriers, à l'effet de garantir la sécurité alimentaire des populations. »

Il s'agit peut-être pour le gouvernement de se prémunir de tous risques de pénuries, surtout dans cette période cruiciale qu'est la Coupe d'Afrique des Nations : pour rappel, pas moins d'1,5 million de visiteurs sont attendus en Côte d'Ivoire.

Quel lien avec la CAN?

Comme pour appuyer l'importance de cet avis, ce n'est pas un mais bien trois ministères qui ont signé le document : le ministre du Commerce, celui de l'Agriculture et enfin le ministre des Finances et du Budget.

Contactés sur les raisons exactes de cette suspension des exportations, les ministères n'ont pas donné suite à nos sollicitations. La dernière restriction semblable remonte à décembre 2023. Mais à cette époque, elle ne concernait que le sucre et le riz, afin d'en maîtriser le prix.

La suspension de ces exportations est-elle pertinente sur le plan économique ? Cette restriction des importations peut-elle vraiment avoir un lien avec la Coupe d'Afrique des Nations ? Pour Steven Le Flaou, consultant spécialiste de l'interdépendance des marchés européens et africains, « la Côte d'Ivoire réapplique un décret déjà pris en 2022. Néanmoins, les restrictions aux exportations, on les voit souvent dans des pays qui sont des grands exportateurs de produits vivriers : l'Inde, la Thaïlande ont régulièrement appliqué ces restrictions sur le riz. »

C'est l'équilibre entre une politique incitative et alimentaire. Elle s'adapte toujours à des évènements conjoncturels. Peut-être que la CAN en est un qui justifie qu'on puisse fournir l'afflux de personnes qui sera présent et qui demandera, je l'espère, des produits locaux et vivriers [...] Ce type de mesures est assez rares parce qu'il est très critiqué au niveau international. Si on s'amuse tous à faire des restrictions aux exportations, on bloque potentiellement les échages mondiaux et on sait qu'il y a des pays qui dépendent de leurs importations.

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