Afrique: CAN - Le film-documentaire « Essamay : Bocandé, la Panthère » projeté à Yamoussoukro

Yamoussoukro, 17 jan (APS) - Le film-documentaire "Essamay : Bocandé, la Panthère", qui retrace le parcours exceptionnel du footballeur sénégalais Jules François Bocandé, a été projeté, mardi, à Yamoussoukro, la capitale administrative ivoirienne qui accueille les Lions pour la Coupe d'Afrique des Nations (CAN).

Le film de 90 mn, réalisé par Maky Madiba Sylla en hommage au footballeur sénégalais décédé le 7 mai 2012, a voulu dès ses débuts rétablir la vérité au sujet du pénalty polémique à l'origine des incidents survenus lors de la finale de la Coupe du Sénégal de 1980 entre la Jeanne d'Arc de Dakar et le Casa Sport.

Plusieurs personnes ont été blessées lors d'affrontements entre supporters. Jules François Bocandé, la grande star de l'équipe de la Casamance et idole régionale s'était retrouvé banni à vie du football local pour s'être attaqué à l'arbitre du match, Bacary Sarr.

Dans ce film, ses anciens coéquipiers en équipe nationale, Amadou Diop « Boy Bandit » et Roger Mendy qui jouaient à l'époque à la JA, assurent qu'il n'y a jamais eu pénalty.

"Lorsqu'on lui a annoncé qu'il était suspendu à vie, il était très affecté. Le football est toute sa vie", témoignent sa femme, Aminata Bocandé et sa soeur Aimée Fonseca.

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L'exil forcé

Forcé à l'exil, Bocandé quitte son "cadre d'épanouissement" de Ziguinchor pour aller s'installer à Tournai, où il va démarrer sa carrière en 3e division belge. Mais ne supportant pas d'avoir perdu ses racines et se sentant seul, il éprouve l'envie de retourner en Casamance pour retrouver la chaleur familiale.

"Il va conquérir le public vert et rouge par son habilité et sa souplesse. Il n'avait peur de personne. Son jeu de tête et ses crochets impressionnaient. Il avait un talent fou. Pour les premiers matchs, il n'a pas convaincu, après il a explosé en deuxième partie de saison", se souviennent ses amis de l'époque.

Son passage au RFC Seraing (Belgique) sera aussi remarquable. On se souvient de lui comme d"'un joueur de création. L'étranger exotique qui a gravi les échelons".

A Metz pour écrire l'histoire

Jules François Bocandé rejoint Metz (France) en 1984. Dans le club lorrain, il devient "un véritable fauve avec un tempérament de feu. Il sait tout faire et marquer dans toutes les positions", se rappelle son entraîneur de l'époque, Marcel Husson.

Après une défaite, 2-4, contre le FC Barcelone, en octobre 1984, en seizième de finale aller de la coupe d'Europe des vainqueurs de coupe, Jules François Bocandé et ses coéquipiers seront les acteurs de l'un des plus grands théâtres de l'histoire du football français.

« L'équipe Jambon » va s'imposer, 4-1, au match retour et éliminer le grand club de Barcelone, au Camp Nou. Essamay (la panthère en langue diola) est passeur décisif sur le quatrième but. « Ce jour-là, c'était mon meilleur match. C'est resté dans ma tête jusqu'à présent », a dit le joueur né en 1958.

Avec l'équipe messine, Bocandé deviendra le meilleur buteur du championnat de France avec 23 buts durant la saison 1985-1986.

Après une année exceptionnelle dans le club lorrain, il rejoint le PSG. Dans le club de la capitale, la concurrence lui fait rater sa saison. L'année suivante, il s'engage avec l'OGC Nice pour retrouver "un nouveau souffle"' et renouer avec sa passion pour le jeu, mais brille par intermittence. Entre 1987 et 1991, il y inscrira 33 buts en 115 matchs. Il signe un an à Lens, en France (1991-1992), avant de terminer sa carrière dans le club belge de Eendracht Alost, en 1993.

La même année, il met fin à sa carrière internationale et se reconvertit en entraîneur. Il prend les rênes de l'équipe nationale en duo avec Boubacar Sarr. Ils mèneront l'équipe jusqu'aux quarts de finale de la CAN 1994.

Premier héro du football sénégalais

"En 1985, nous n'étions plus qualifiés à la CAN depuis neuf éditions. Lors du match retour du deuxième et dernier tour des qualifications contre le Zimbabwe, en septembre, Bocandé va marquer l'histoire du football sénégalais", se souvient Abdoulaye Diaw.

Le journaliste sénégalais s'est rappelé avec humour, cette superstition selon laquelle l'équipe nationale gagnait quand elle jouait avec le maillot blanc. "Le stade était plein à craquer", raconte dans le documentaire Bocandé, qui a inscrit 135 buts dans sa carrière.

Le Sénégal qui avait perdu 1-0 à l'aller doit mettre trois buts sans en prendre pour se qualifier. Il signe un triplé historique. "Nous avons vaincu le signe indien", dit Amadou Diop "Boy bandit".

Qualifiée à la CAN de 1986 en Egypte, l'équipe du Sénégal s'impose devant le pays hôte (1-0) lors de la première journée puis contre le Mozambique (2-0) pour son deuxième match. Elle est cependant éliminée (0-1) en match de groupe par la Côte d'Ivoire.

"J'ai raté un penalty et j'ai éliminé mon pays", dit avec regret l'homme qui a joué 444 matchs, en Europe.

"Il n'a jamais oublié ce pénalty raté. C'est à son décès que j'ai pris l'importance de cet homme", selon un membre de sa famille.

En 2012, il est victime d'un accident vasculaire cérébrale et meurt le 7 mai de la même année, à Metz. "Son plus cher voeu était de gagner la CAN pour son cher pays", confient ses anciens coéquipiers en équipe nationale.

Dix ans après son décès, le Sénégal remporte sa première CAN, au Cameroun, le 6 février 2022.

"Nous avons gagné la CAN pour lui", déclare l'entraîneur de l'équipe du Sénégal, Aliou Cissé, qui se présente comme l'un de ses idoles.

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