À Madagascar, la représentation de l'Union européenne (UE) a organisé une journée de sensibilisation auprès des filières exportatrices et de l'administration locales concernant sa nouvelle règlementation « Zéro Déforestation ». Dès le 1er janvier 2025, tous les partenaires de l'UE seront en effet soumis à de nouvelles exigences plus strictes. Exigences qui inquiètent certaines filières malgaches. Explications.
En juin 2023, l'Union européenne (UE) a adopté une nouvelle réglementation intitulée « Zéro Déforestation ». Ce texte est né d'un constat : sept produits et leurs dérivés sont responsables à plus de 98 % de la déforestation imputable à l'UE. Il s'agit du bétail, du palmier à huile, du bois, du soja, du café, du cacao et du caoutchouc.
Aussi, dès le 1er janvier 2025, tous les partenaires de l'UE qui importent ces produits seront soumis à de nouvelles exigences très strictes pour pouvoir poursuivre leur activité sur le sol européen.
Cette semaine, la délégation de l'Union européenne à Madagascar a souhaité organiser une grande journée de sensibilisation pour partager l'information et préparer les filières exportatrices malgaches concernées par cette nouvelle réglementation.
Ce jour-là, dans la salle ou connectés à distance à l'atelier, ils étaient ainsi des dizaines de représentants des filières et de l'administration malagasy à écouter attentivement la présentation des nouvelles obligations inscrites dans le règlement « Zéro Déforestation ».
« Techniquement, il va imposer aux importateurs mais aussi à tout opérateur européen qui produit par exemple du bois en Europe, de démontrer que les produits qu'il met sur le marché n'ont causé aucune déforestation », a expliqué l'ambassadrice de l'UE à Madagascar, Isabelle Delattre-Burger.
« Comment ? » poursuit-elle. « En collectant des données de géolocalisation qui montrent que les parcelles d'où proviennent ces produits n'ont pas fait l'objet d'une déforestation et on se donne comme date de démarrage le 31 décembre 2020. »
« Dans un pays comme Madagascar, c'est difficile d'avoir ces infos-là »
Des documents que tous les importateurs devront fournir, dès l'entrée de leurs produits sur le sol européen. Des données qui, par ricochet, devront être collectées par les fournisseurs sur terrain. De quoi crisper la filière cacao malgache et ses 30 000 petits producteurs, représentés par Sylvain Velomora, Secrétaire exécutif du Conseil national cacao. « Cette réglementation va de concert avec notre objectif : promouvoir la production de cacao durable, débute-t-il. Depuis l'époque coloniale et la mise en place de la filière cacao dans la vallée du Sambirano [Nord-Ouest de l'île, Ndlr], ces enjeux environnementaux ont toujours été pris en compte par les différents acteurs du cacao ».
Mais il prévient : « C'est seulement les techniques et les moyens permettant de mettre en place un système de traçabilité vraiment très exigeant d'un bout à l'autre de la chaine de valeur, qui nous inquiète. Qui dit système de traçabilité, dit géolocalisation de toutes les parcelles des producteurs. Et dans un pays comme Madagascar, c'est difficile d'avoir ces informations-là au niveau de la filière. »
Des données coûteuses à obtenir. Certaines filières ont d'ores et déjà demandé un appui financier à l'Union européenne.