Madagascar: Socioculturel - Madagascar entre le paraître et la paresse

Le sujet passe sans doute du coq à l'âne ! De la presse à la culture en passant par la tradition négligée ainsi que par la dureté de la vie des citoyens, ces thèmes ont toutefois une liaison cohérente. La pauvreté génère une certaine paresse intellectuelle. Celle-ci oblige les Malgaches désargentés à vivre au-dessus de leur moyen. Le contenant est attrayant, le contenu semble trop profond. Par conséquent, les journaux, les us-et-coutumes, l'éducation civique régressent pendant que la mode éphémère, la sensation agréable de courte durée, ainsi que les âneries diffusées sur la toile tapent dans l'oeil.

La liberté de la presse à Madagascar a connu une évolution relative ces dix dernières années dans les zones urbaines grâce à l'avènement de la technologie. Mais, qu'en est il des ruraux ? Les personnels de l'information dans les zones géographiquement éloignées se heurtent à diverses difficultés. Ô combien de reporters se font intimider par les intendants locaux ! Ceux-ci jouent les borgnes au royaume des aveugles. Ils sont très hostiles à l'objectif de la caméra professionnelle.

Pourtant, les citoyens ont le droit de savoir les moindres détails de ce qui se passe au fin fond de la campagne. Mais ce qui est étonnant, les smartphones les sidèrent tellement qu'ils ordonnent aux propriétaires de les prendre en photo. « Vous allez poster ça sur Facebook », demandent-ils aux visiteurs en souriant, car ils ont entendu des informations erronées. « Parait-il que ça rend beau », en faisant allusion aux applications photos qui filtrent les petits boutons et les taches du visage. Dès fois, on se demande, qui aurait pu dire une telle aberration ! En effet, la presse se fait concurrencer par les réseaux sociaux, royaumes des fake-news.

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L'infox est diffusée sur les écrans des téléphones intelligents. Les citoyens croient plutôt les «à ce qui parait» que le journal télévisé ! La preuve, il y a deux semaines, un usager de Facebook prétend avoir vu une bête féroce dévorer les volailles et les bétails à Antsiranana. Une histoire à dormir debout ! C'est comme dire à un adulte de 25 ans que le Père Noël existe. Raconter des légendes à faire peur, c'est la spécialité de certains facebookers, du « Bloody Mary 2.0 à la malgache ».

Cependant, lorsqu'on leur dit de lire les bouquins d'histoire, ou d' écouter les anciens, personne ne croit à une seule phrase écrite par les historiens malgaches ni à un seul mot qui sort de la bouche des anciens combattants de la guerre d'Indochine. Souvent négligée, la culture est, sans équivoque, le pilier du développement. Elle reflète la personnalité. Et Madagascar est un pays multiculturel. Alors, il faudrait redresser un plan afin de favoriser les us-et-coutumes de l'ensemble du pays, car elles forment la culture malgache avec un grand C... Oui, il faut l'affirmer, la tradition est mise au pilori au profit des usages venant d'ailleurs.

Le pire, c'est que ces soi-disant valeurs sont mal copiées voire mal interprétées. Rares sont les chaînes qui créent des émissions sur la tradition malgache. Les conférences sur les personnages historiques ne font pas le plein. Trop pauvres pour réfléchir, les concitoyens gaspillent leur temps à se déhancher dans la piscine des pool parties à la jamaïcaine chaque week-end. C'est compréhensible, car du lundi au vendredi les jeunes mamans célibataires se cassent le dos tant que la tête pour chercher de quoi nourrir leurs marmailles. Les papas de 24 ans se donnent la peine de chercher des petits boulots journaliers pour subvenir aux besoins de leur famille nucléaire. Donc, ces personnes n'ont plus le temps pour analyser comment Andrianampoinimerina a aménagé Betsimitatatra ! Ils diront absolument, « C'est du passé, vivons le temps présent ». Oui, le présent est amer, donc le futur est incertain.

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