Madagascar: Professionnels du médicament - L'Ordre national des Pharmaciens monte au créneau

Des menaces planent sur la profession de pharmacien et sur les futurs pharmaciens selon l'Ordre national des Pharmaciens (ONP), parlant des arrêtés n° 26704/2022 du 07 octobre 2022 et n°17358/2023 du 16 mai 2023.

L'Ordre National des Pharmaciens de Madagascar s'inquiète de l'avenir de la profession, après la sortie de deux arrêtés qui, selon l'Ordre, représentent une menace pour la profession et pour les futurs pharmaciens qui grossiront, après leurs études, les rangs des professionnels du médicament.

L'ONP s'est exprimée sur le sujet avant-hier, dans le cadre d'une conférence de presse. Et de rapporter qu'une rencontre tenue mi-décembre 2023 entre les représentants du ministère de la Santé publique et ceux de l'ONP, suite à une sollicitation de ce dernier, a déjà abordé la question des arrêtés n° 26704/2022-MSANP du 07/10/22 et n°17358/2023-MSANP du 16/05/23, objets de l'inquiétude de l'ONP.

L'Ordre national des Pharmaciens souligne alors que ces deux arrêtés ont été pris unilatéralement par le ministère de la Santé Publique, l'Ordre n'ayant pas été invité à leur élaboration, et que son avis n'a jamais été sollicité.

Commission mixte. Pour rappel, l'arrêté n° 26704/2022-MSANP du 07/10/22 porte sur la mise en place d'une commission nationale mixte sur l'ouverture, le transfert et la fermeture des établissements pharmaceutiques. Pour l'ONP, « la commission mixte n'a aucune base légale puisqu'elle n'est pas prévue par le Code de la Santé, d'autant que l'article 165 dudit Code prévoit uniquement l'avis du Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens préalablement à l'arrêté du ministère de la Santé ».

Et l'Ordre de se poser la question sur la pertinence de la qualité de certains membres de ladite commission par rapport à la profession, car les pharmaciens sont minoritaires dans la commission nationale d'étude des dossiers, malgré le fait qu'il soit avancé que cette commission ne peut siéger que lorsque 2/3 des membres sont présents.

Inadéquations. L'arrêté n°17358/2023-MSANP du 16/05/23, quant à lui, fixe le nombre d'officines et d'établissements pharmaceutiques autorisés à s'installer dans une localité. Dans ces deux textes, l'ordre soulève plusieurs inadéquations. La décision de fermeture d'un établissement pharmaceutique doit uniquement émaner d'un pharmacien-inspecteur et non d'un agent mandaté (article 13 de l'arrêté N°26704), et dans l'article 4 de l'arrêté N°17358, il n'y a aucune mention sur la nécessité d'être inscrit au tableau de l'ONP pour rendre l'exercice du métier licite.

D'autre part, l'article 10 de l'arrêté N°17358 permet l'ouverture d'une officine sans l'avis d'un représentant régional : aussi, pour un maire, ce serait une source potentielle de corruption et de conflit d'intérêt avec le circuit des dépôts de médicaments. Quant à l'arrêté n°26704, les autres communes urbaines à statut particulier n'y sont pas mentionnées. « De même, la nécessité d'obtenir l'avis de l'ONP a été complètement retirée, en omettant les articles pertinents du Code de la Santé (165 et 167) », indique l'ONP.

Ignorer. « A travers les deux textes se profile une velléité d'ignorer les fondamentaux d'un Ordre professionnel, tout comme il est regrettable que des personnes étrangères à l'Ordre, entre autres les maires, soient appelées à décider du sort des pharmaciens », s'insurge l'ONP.

Et de réitérer que « la profession est sérieusement menacée, tout comme l'avenir des jeunes pharmaciens dans la mesure où des non-pharmaciens risquent de décider de l'ouverture et de la fermeture d'une officine, ou sur l'autorisation d'exercer le métier ». L'Ordre souligne dans la foulée que les décisions sur les inscriptions et l'élaboration de la politique pharmaceutique, lui ont également été retirées. Affaire à suivre.

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