Dédié à Jacques Derrida et illustré par la peinture d'Abdelkébir Rabi, Voeu de silence d'Abdelkébir Khatibi se présente comme des variations sur le silence et la poésie se référant en particulier à l'oeuvre exemplaire de Rainer-Maria Rilke, artiste de la solitude, ainsi que le note l'auteur lui-même.
On le comprend, le mot clé de ce court texte est le silence. Il est puissant: «Rien n'est aussi puissant que le silence» (Rilke); ou encore : «Le silence est notre langue maternelle» (Beckett).
D'où il s'ensuit que le silence est poésie : «Le poète est seul devant la puissance infinie du silence, garant et abîme de son chant». Le silence est l'expérience singulière du poète, l'homme de la solitude. Le poète réclame le silence car il sait par-dessus tout qu'il est un secret.
Son langage à lui est un langage du silence. Il fonctionne par le signe. «C'est un langage au-delà de tout langage. Ainsi le signe cache-t-il l'énigme de toute expressivité».
Le silence, cette science du poète et du peintre, celle que Rimbaud s'octroiera au détriment de l'écriture.
Cessant d'écrire, c'est au silence que Rimbaud fera appel. Sans doute par le silence le poète accède-t-il à l'infini.
«L'éternité, c'est la mer allée avec le soleil», écrit Rimbaud.
Le silence, ce langage des signes dépassant tout langage. Le poète, comme le mystique, est celui qui entre en communication voire en communion avec lui.