Des initiatives et des propositions avancées lors de la réunion des Bureaux politiques de l'USFP et du PPS
Nabil Benabdallah : Le gouvernement cherche à présenter la situation comme normale malgré de nombreuses erreurs politiques
Les Bureaux politiques de l'Union socialiste des forces populaires et du Parti du progrès et du socialisme se sont réunis, mercredi 10 janvier au siège central du parti de la Rose à Rabat, sous la présidence du Premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachguar et du Secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah.
Cette réunion est la deuxième du genre après celle de décembre 2023 qui était dédiée à l'annonce de l'alliance entre les deux partis et dont les objectifs consistent à défendre les causes de la Nation, préserver les acquis réalisés via les luttes des forces progressistes et démocratiques (notamment l'USFP et le PPS), et à faire face à l'hégémonisme de la majorité gouvernementale portant atteinte aux équilibres entre les institutions dans notre pays.
Cette réunion fait également suite à une série de rencontres de la commission mixte composée des Bureaux politiques de l'USFP et du PPS qui ont porté sur les initiatives et
les propositions politiques unifiées visant à consolider la collaboration entre les deux par-
tis et à s'ouvrir sur les autres partis nationaux et démocratiques.
Dans son intervention à cette occasion, le Premier secrétaire Driss Lachguar a exprimé
sa grande satisfaction quant à cette initiative politique, aujourd'hui indispensable vu le
contexte politique délicat, caractérisé par la clarté des politiques stratégiques de l'Etat ma-
rocain mais en même temps par un retard significatif dans leur mise en oeuvre et leur
concrétisation.
Driss Lachguar a également souligné que l'USFP et le PPS partagent une longue histoire de lutte commune. «Toutes les initiatives politiques décisives, ayant eu un impact positif sur le pays, ont émergé grâce à la coordination et à la collaboration entre les deux partis», a-t-il précisé. Et d'ajouter : «Toutes les étapes historiques liées à l'édification démocratique puisaient de notre travail et de nos initiatives communes, avant de nous ouvrir
aux autres partis nationaux et démocratiques».
Il a, par ailleurs, rappelé que «toutes les initiatives de réformes politiques et constitutionnelles qui ont eu lieu dans le pays ont émané de notre travail conjoint et à travers les symboles et les dirigeants de ces deux partis, ainsi que leur ouverture sur le front démocratique et national».
Le dirigeant ittihadi a tenu à rappeler que le Maroc se trouve actuellement à une croisée
de chemin cruciale, soulignant, à cet égard, qu'autant il y a de la clarté dans la vision stratégique de l'Etat et la trajectoire de développement du pays, autant il y a des entraves et
des lacunes dans la mise en oeuvre et la concrétisation. Il a également signalé l'absence
de bonne gestion et de prise en charge de plusieurs questions politiques et sociales, susceptibles d'aggraver les tensions sociales menaçant la stabilité sociale et le progrès développementaliste visé par le pays.
Driss Lachguar a, par ailleurs, souligné que les dernières élections n'ont connu aucune contestation politique, «mais moralement, nous avons relevé plusieurs remises en cause», a-t-il affirmé. « Cependant, en tant que partis démocratiques, nous savions que le
pays avait besoin de nous pour le développement de la construction démocratique et la
consolidation du travail démocratique au sein des institutions», a-t-il ajouté, avant d'indiquer
que «le produit post-électif a déçu les attentes, bien que cet Exécutif ait bénéficié d'un sou-
tien important, comme aucun autre gouvernement dans l'histoire du Maroc».
«Néanmoins, son hégémonisme, enraciné dans toutes les institutions centrales, régionales et provinciales, se manifeste d'abord par une majorité politique manquant cruellement
de cohésion et par son contrôle de la gestion des Conseils régionaux et provinciaux élus»,
a-t-il précisé.
«Cette entrave politique et le manque de prise de décisions cruciales en temps opportun dans un certain nombre de questions importantes pour le pays, en plus de ce type de
gestion marqué par de nombreux dysfonctionnements ont eu un impact au niveau régional et provincial, de sorte que plusieurs institutions élues se retrouvent dans une situation de blocage total qui affecte les projets de développement et d'investissement.
En s'adressant aux membres des directions politiques des deux partis, le Premier secrétaire a souligné que les projets et les solutions dans les domaines économique et social, mis en oeuvre aujourd'hui, sont le résultat des idées de nos partis démocratiques.
Pour mettre en évidence l'échec du gouvernement dans la bonne gestion des questions cruciales du pays, Driss Lachguar a cité en exemple le traitement réservé au dossier de
la crise de l'éducation, regrettant que même les solutions trouvées par le gouvernement
laissent la porte ouverte à de nouvelles crises dans d'autres secteurs de la fonction publique, puisqu'il s'agit d'une augmentation salariale atteignant les 35%.
Face à cette situation, le Premier secrétaire a appelé les élites politiques dirigeantes des
deux partis à développer l'action démocratique dans le pays et à ouvrir le dialogue sur
plusieurs questions fondamentales. Il a insisté sur le fait qu'il est temps de réfléchir à une ré
forme réelle de plusieurs lois et systèmes, dont la Constitution, treize ans après sa promulgation.
«Cela est d'autant plus crucial que les symboles et les leaders des deux partis ont été
à l'avant-garde de la revendication de réformes politiques et constitutionnelles», a-t-il
conclu.
De son côté, le Secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah a salué l'initiative de l'ac-
tion politique conjointe qui a créé un nouvel environnement au sein de l'USFP et du PPS,
ouvrant ainsi des portes pour un travail unifié à l'intérieur des deux partis et dans la société,
suscitant beaucoup d'espoir.
Il a notamment comparé l'action politique au Maroc à un "tsunami géant". «Cependant, grâce à cette collaboration unifiée, une nouvelle dynamique politique a été créée», a-t-il indiqué. Et de souligner «l'importance de prendre conscience de cette dynamique et de ses possibles résultats, notamment en raison des attentes qui ne peuvent être déçues».
Nabil Benabdallah a, par ailleurs, noté que le gouvernement actuel cherche à présenter la
situation comme normale et le pays comme étant sur la bonne voie, malgré de nom-
breuses erreurs politiques et des capacités médiatiques et communicationnelles très faibles.
«Cette initiative conjointe est prometteuse et doit constituer un cadre solennel et ouvert sur
les deux partis, allant à l'encontre des déséquilibres et des dysfonctionnements enregistrés
actuellement. Il est impossible d'aborder 2026 de cette façon et avec de telles personnalités
politiques», a-t-il précisé.
Le Secrétaire général du PPS a souligné «qu'il existe une forme de dépréciation de la
politique selon laquelle tous les élus sont corrompus, mettant en évidence clairement la
profondeur de la crise dans notre pays».
Il a également mentionné qu'il avait alerté à plusieurs reprises de ne pas impliquer des énergumènes électorales dans l'espace politique, et ce sont ces mêmes personnes qui commettent aujourd'hui des erreurs fatales et qui déçoivent les espoirs. Il a dans ce sens appelé à intensifier les efforts et à s'ouvrir sur d'autres partis, en commençant par l'opposition, exhortant certains à attendre avant de juger cette initiative, qui en est à ses débuts.
Il est enfin à rappeler qu'à l'issue de cette réunion, une séance de travail a eu lieu à huis
clos entre les membres des deux Bureaux politiques, axée sur les initiatives politiques, médiatiques et organisationnelles de cette action commune, ainsi que sur la discussion des
moyens et des mécanismes susceptibles de concrétiser toutes les propositions.